La crise de l'eau qui a surgi au début de l'été pour s'aggraver en juillet dernier dans les régions du Sahel et de Sfax ne cesse d'inquiéter les habitants assoiffés et d'interpeller tous les intervenants du ministère de l'Agriculture au point de les mobiliser afin de prendre, en urgence, les mesures appropriées. Pas plus tard qu'hier, M. Mohamed Ben Salem, ministre de tutelle, a donné une conférence de presse au siège de son département au cours de laquelle il n'a point hésité à pointer du doigt l'ex P.-d.g. de la Sonede, accusant les trois directions centrales chargées des études, de l'exploitation et de la production d'irresponsabilité et de défaillance. Et le ministre pourrait aller plus loin pour demander à l'actuel P.-d.g. de la société de démettre ses directeurs centraux de leurs fonctions pour avoir été les premiers responsables des longues perturbations de distribution ayant causé des coupures allongées de l'eau potable dans les régions précitées. Il les a pris pour coupables pour avoir manqué à leurs devoirs professionnels, ayant traîné en longueur dans l'élaboration des études de faisabilité des ouvrages hydrauliques prévus en 2012, tout en enregistrant des retards au niveau de l'intervention à temps au moment de la crise. Et le ministre de critiquer vivement l'absence de coordination avec les services de la Steg concernés afin d'éviter d'éventuelles coupures d'électricité, notamment sur le réseau des stations de pompage vitales. Selon M. Ben Salem, il s'agit là d'autant de raisons qui sont à l'origine de ces dernières perturbations qui n'ont fait que priver tant de familles et de foyers de quoi assouvir leur soif ardente pendant des jours où le mercure a affiché des pics caniculaires. Mais ce n'est pas tout. Le rapport de la commission technique d'investigation sur les causes de ces perturbations survenues dans la distribution de l'eau potable a déjà révélé d'autres facteurs liés notamment à la saturation du canal Medjerda-Cap Bon, ainsi que l'insuffisance des réserves hydriques du Sahel et Sfax servant les gouvernorats de Nabeul, Sousse, Monastir, Mahdia et de Sfax. Par ailleurs, le rapport a évoqué, entre autres, la coupure de courant en concomitance avec une forte chaleur caniculaire et une consommation d'eau effrénée. «C'est que le taux de croissance de la consommation d'eau n'est plus comme autrefois. Les temps ont changé et évolué. Le Tunisien consomme, aujourd'hui, 60 litres par jour», explique-t-il. Ce qui incite à anticiper sur l'avenir pour renforcer davantage les ressources hydriques dans le pays. Comment agir et faire face aux demandes accrues d'eau potable ? Depuis mercredi dernier, les cadres du ministère de l'Agriculture, les responsables des ressources hydriques, le génie rural et des barrages sont en conclave pour chercher des issues à la crise. L'objectif est d'étudier les programmes exécutifs urgents que la Sonede compte entamer prochainement afin de satisfaire les demandes d'approvisionnement en eau potable pour l'été 2013 et 2014 au profit des régions du Sahel, Mahdia et de Sfax. Il sera procédé au changement de tous les compteurs défaillants à travers les différentes régions du pays dont la priorité sera accordée aux abonnés des gouvernorats de Sfax, où l'on enregistre quelque 20.000 compteurs défectueux. Il s'agira également de forages et d'exploitation de six nouveaux puits d'eau potable à Sidi Bouzid et à Sfax avec une capacité de 180 litres par seconde et la réalisation d'une réserve naturelle à Kalaâ Kébira (26 millions m3), ainsi qu'une station de traitement (3m3/s). Sans pour autant oublier d'envisager une série d'ouvrages pour enrichir les nappes phréatiques et faciliter l'accès à l'eau potable.