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Un naufrage de trop
Emigration clandestine
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 09 - 2012

Depuis leur centre de détention, les cinquante-deux jeunes rescapés du naufrage de Lampedusa jurent de « ne jamais revenir en Tunisie » sinon... de « refaire plusieurs fois le voyage, en cas de retour forcé...». Tandis que le nombre de disparus, la maigre pêche des morts, la gestion de la tragédie et autres péripéties continuent à secouer en profondeur la société... En quoi ce naufrage nous touche-t-il plus que d'autres ?
Le naufrage d'un boat-people est toujours de trop. Un migrant clandestin qui se fait engloutir par la mer en rêvant de monter à la surface de la terre est toujours de trop. En quoi, donc, celui-ci émeut-il plus qu'un autre ?
Dans le calendrier intense de notre actualité, le naufrage de la nuit de jeudi 6 à vendredi 7 septembre au large de Lampedusa d'une embarcation de fortune emportant près de 130 jeunes migrants clandestins n'était pas d'évidence prévu. Sans être tout à fait classé dans la catégorie des colères de la nature, le sinistre d'un boat-people monté et commandé par les nôtres n'était pas imprévisible, ni imparable non plus. Il s'inscrit dans l'hémorragie quasiment ininterrompue des migrants clandestins vers l'Europe que nous vivons depuis février 2011.
«Refaire le voyage, jusqu'à ce que mort ou vie s'en suive...»
Mais une fois encore, la tragédie nationale a laissé la communauté nationale sans moyens.
En première ligne, le garde-côte tunisien qui a tôt repéré l'embarcation, a manqué de lui souhaiter bon vent ; il l'a simplement mis en garde contre une éventuelle tempête... A la nouvelle du naufrage et à la détresse des familles, le gouvernement a réagi avec un retard considérable et inexpliqué. Au retour d'un week-end nonchalant et oublieux, la télévision nationale a fait l'effort d'un débat politique donnant, à froid, l'occasion à seulement trois politiciens et un journaliste de renchérir sur la tragédie et à quelques citoyens d'appeler. Rejet des responsabilités politiques, report des responsabilités sociales, balbutiements et crise de communication sur fond d'absence totale de l'approche technique, sécuritaire du dossier. Le même lundi, une cellule de crise au ministère des Affaires étrangères et deux numéros verts ont commencé à fonctionner. Contactés, ils vous demandent vos noms et coordonnées et prennent toute la nuit pour ne vous répondre que le lendemain. Le lendemain, on est déjà mardi 11 septembre. Le gouvernement dépêche son secrétaire d'Etat à l'Emigration sur l'île. Accompagné par notre consul à Palerme, il propose laconiquement aux rescapés de rentrer au bercail. Mais il aura du mal à se faire entendre et se verra refuser une photo pour l'histoire. Au retour de l'épreuve de vie et de mort, nos jeunes rescapés jurent déjà de ne plus remettre les pieds en Tunisie, sinon de refaire indéfiniment le voyage... jusqu'à ce que mort ou vie s'en suive... On est mardi après-midi. On apprend que le ministre des Affaires étrangères devra attendre encore un jour, et peut-être quelques autres nouvelles pour faire le voyage de l'Italie. En attendant mercredi, il n'y a presque plus rien de nouveau. La liste des rescapés, avec leurs noms et origines est déjà disponible sur le site d'une radio. Radio-Mosaïque dépêche son envoyé spécial et donne voix aux rescapés. Ils sont cinquante-deux Tunisiens, dont une femme, déversés au centre de détention de Lampedusa. Outre les deux cadavres repêchés à parité (une fille et un garçon), la moitié des passagers qui ont passé contrat avec un passeur qui aurait à son tour déjà passé la frontière algérienne pour échapper au courroux des familles, sont portés disparus. Aucune nouvelle n'est parvenue de l'îlot inhabité de Lampione que les journaux électroniques français et italiens ont évoqué à l'aube de vendredi, ayant peut-être accueilli quelques autres survivants...
Par la voix d'un des leurs, nos rescapés confirment, depuis leur centre de détention qu'ils ne veulent point rentrer... «malgré le traitement inhumain subi». Réprimés aux frontières, mal accueillis, ils iront rejoindre les mille cinq cent morts et disparus sur l'autre rive pour la seule année 2011... Le drame des clandestins continue entre politiques répressives des pays d'accueil, feintes et autres stratégies nonchalantes des pays d'origine.
Le représentant de l'association mondiale «Boats for people», qui donne une conférence de presse aujourd'hui et organise une marche silencieuse pour demain jeudi, à Tunis, avance que le naufrage de vendredi dernier fait partie des dizaines de voyages clandestins qui se font quotidiennement à partir des côtes tunisiennes et qui se soldent régulièrement par un nombre conséquent de morts et de disparus, en l'absence de toute tentative de secours.
Absence d'une approche sécuritaire et prévisionnelle
Cette fois, le nombre considérable des disparus, la maigre pêche des corps et le nombre des survivants par rapport aux dimensions de l'embarcation nous rendent à l'évidence que la Tunisie n'en a pas fini avec les flux des migrations clandestines massives qui ont suivi de près le 14 janvier. Entre basses et hautes saisons, cette hémorragie ne semble pas prête à tarir un an et demi après les circonstances extraordinaires de la révolution ; mutineries, relâchement sécuritaire, baisse de l'autorité, faiblesse de l'Etat et des institutions que le pays a traversés et qui ont largement contribué à renflouer les rangs des jeunes clandestins.
Aujourd'hui, ces circonstances sont bien loin. Mais sur les côtes tunisiennes et dans les périmètres chauds et bien connus de l'émigration clandestine, le phénomène n'arrête guère de surprendre notre garde nationale et nos autorités. Aucune stratégie prévisionnelle, aucune approche sécuritaire globale n'a vu le jour. Il n'existe pas un observatoire pour prévenir, limiter, et faute de pouvoir stopper, se doter des structures prévisionnelles qui en cas d'accident ont le savoir-faire et les moyens de gérer la crise qui survient au lendemain de chaque naufrage. Car, avant d'en arriver aux raisons socioéconomiques indéfiniment ajournées, les premières raisons qui incitent à l'émigration clandestine, ce sont avant tout les côtes passoires qui s'ouvrent devant nos jeunes et les trafiquants d'âmes et de rêves qui officient, impunément, dans la nuit. Elle reste un phénomène toléré voire souhaité quand il ne finit pas en tragédie...
Il fallait écouter les réseaux sociaux...
Mais cette fois, il semble bien que c'est le naufrage de trop qui a été commis. La nouveauté est que c'est la société tunisienne qui en a pris pleine conscience dès ce matin de vendredi. Le cri est d'abord monté du fond de la société. La colère, l'indignation ont de sitôt été répercutés à travers les réseaux sociaux. Il fallait tôt écouter les réseaux sociaux. A nouveau, ils ont fait bouger les lignes. Ils ont donné l'alerte rouge. Ils ont affiché des numéros verts bien avant ceux du ministère. Ils ont peint leurs murs de noir et décrété un deuil national intra muros. Il faudra, désormais, écouter les réseaux sociaux. Il s'y forge une conscience tunisienne. Il s'y prend des positions qui se font l'écho d'une Tunisie citoyenne de droits et de devoirs. Il s'y acquiert, en profondeur, des réflexes et des mécanismes de défense d'une culture des droits de l'homme, où toute vie humaine, clandestine ou pas, coûte cher!
La liste des rescapés publiée
Un numéro vert à la disposition des citoyens : 80 10 00 22
Le ministère des Affaires étrangères a mis en ligne, sur son site officiel, la liste des 56 Tunisiens rescapés du naufrage du bateau d'immigrants clandestins, au large de l'île italienne de Lampedusa «telle que communiquée par les services compétents italiens».
Le ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, a reçu, hier, des proches des disparus qu'il a informés de toutes les données disponibles sur ce drame «en se basant sur les rapports établis par les services consulaires tunisiens à Palerme», indique un communiqué du département.
Il a rappelé la mise en place d'une cellule de crise au sein du ministère et d'un numéro vert 80 10 00 22 à la disposition des citoyens. Il a, en outre, affirmé que toutes les mesures nécessaires ont été prises pour suivre la situation sur place.
Les proches des disparus ont insisté sur l'impératif de poursuivre les recherches afin de connaître le sort de leurs enfants. Ils ont exigé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de leur sortie des eaux territoriales tunisiennes.
Ils ont également souligné l'importance de lutter contre le phénomène de l'immigration clandestine et de poursuivre et juger les passeurs.


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