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Quand on s'emmêle...
Caricatures — Charlie Hebdo
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 09 - 2012

Les derniers événements liés à la vidéo et les caricatures anti-islamiques n'ont pas fini d'alimenter la rue en fans de Dieu et du Prophète, et les médias en articles et analyses plus ou moins fantaisistes, ou plus ou moins objectifs, selon la compétence du rédacteur ou...ses objectifs.
L'affaire Charlie Hebdo est plus que symptomatique de cet état d'esprit qu'on entretient au Nord, afin de justifier le «civilisateur» racket du Sud, selon l'adage bien français : «Celui qui veut noyer son chien l'accuse de rage».
Pour ceux qui ne connaissent pas Charlie Hebdo, je rappelle que c'est un journal satirique tendance gauche : et ils le prouvent bien à chaque édition. C'est aussi un support à faible tirage. Il oscille aux alentours de 40.000 exemplaires, ce qui est dérisoire selon les normes de diffusion en France d'autant plus que cette catégorie de publications s'interdit l'apport publicitaire sous prétexte d'indépendance. Et si l'on ajoute que ce tirage est constamment en baisse, nous sommes alors en mesure de comprendre la petite stratégie de cette allumette à 2,5 euros. Un premier tirage vient d'ailleurs d'être épuisé et un deuxième a été servi en pâture à des lecteurs avides de provocations primaires et si excitantes. Le tout en se drapant hypocritement dans une légitime vertu démocratique irréprochable, et en jouant les victimes de la barbarie islamiste, voire de l'Islam tout entier. L'amalgame est depuis longtemps habilement entretenu dans ces pays manipulés par des médias dépendants, au service d'intérêts et d'enjeux sordides dont la teneur échappe à l'entendement des masses.
Nos masses à nous n'échappent pas par contre à l'implacable loi de la manipulation. Les groupes appelés islamistes, agissant pour leur propre compte ou au service de commanditaires locaux ou étrangers recrutent sans peine la violence, la haine et les instincts les plus extrêmes, dans les couches défavorisées et les favelas locaux. Il est certain que quelque part, il y a une alchimie de la terreur dont les détails nous échappent. Mais ce qui est certain, c'est que les crimes de Benghazi et les émeutes violentes de Tunis et d'ailleurs ne sont pas le fait de la société civile, mais de contingents préparés et payés pour cette sale besogne. Quand certaines signatures, d'ici et d'ailleurs, se plaisent à raisonner avec leur couche épidermique, écrivent et analysent sous l'emprise de peurs primaires et se laissent aller à des commentaires et à des analyses «people», on commence à se poser d'angoissantes questions. Encore que je m'abstiens d'évoquer des mobiles moins «épidermiques» !
Défendre un support comme Charlie Hebdo, déjà récidiviste, et lui trouver des excuses équivaut au minimum à insulter la profession. Mais cela démontre aussi qu'on ignore le milieu auquel appartiennent ce genre de publications et leurs protagonistes. J'étais témoin de la naissance de pas mal de publications en France, considérée comme capitale européenne du genre. Je connais personnellement les bonheurs et réussites des uns, et les drames et descentes en enfer des autres. J'ai déjà invité en Tunisie, lors de nombreuses manifestations que j'ai organisées, beaucoup de ces connaissances et amis qui ont fait l'âge d'or de Pilote, des Echos des savanes ou de Hara Kiri Hebdo transformé plus tard en Charlie Hebdo. Entre autres Mandryka, le créateur du Concombre masqué, Tunisien de Bizerte — sa mère y réside encore — et qui était rédacteur en chef de Charlie Mensuel en 82. C'étaient les temps héroïques, à l'époque où ces génies qui nous ont inspirés se shootaient aux idéaux et nous faisaient sniffer de la caricature et de la BD, dites «de la bonne». Quand ces dernières années, il m'arrive de déambuler, nostalgique, entre les stands des éditeurs à Angoulême, et que je croise celui de Charlie Hebdo, je mesure le gouffre qui sépare les générations, et découvre qu'il n'y a pas de limite à la déchéance. Ces dessinateurs qui, aujourd'hui, nous narguent inspirent davantage la pitié que la colère. Ils me rappellent ce refrain repris par Maurice Chevalier :
Sous les ponts de Paris, lorsque descend la nuit,
Tout's sort's de gueux se faufil'nt en cachette
Et sont heureux de trouver une couchette,
Hôtel du courant d'air, où l'on ne paie pas cher,
L'parfum et l'eau c'est pour rien mon marquis.
C'est qu'en plus, il y a cette misère intellectuelle, cette banqueroute de l'idée et ce fiasco de l'esprit. Alors prennent place l'amertume et son corollaire d'agressivité et de provocations bêtes et méchantes, et la peur pour ces dealers d'un underground frelaté, de mettre la clé sous le paillasson. Pour vous dire le cadeau que nous leur faisons.
Ils devraient bénir le Prophète de l'Islam, qui va leur donner un peu d'oxygène pour quelques parutions à venir, et leur assurer quelques semaines de bistrot. En attendant et dans quelques années, de s'en prendre à Bouddha. Le marché étant prometteur.
Evidemment, Bernard Henry Lévy, Thierry Ardisson, Filkenkraut et copains assureront la défense des libertés. Ne s'agit-t-il pas de la liberté de casser du sucre sur le dos de cet Islam qui n'en finit pas de conquérir et de convertir en Occident, malgré ces «groupes de choc» islamistes qui font tout leur possible pour dissuader ce nouveau sang à la blonde tignasse. Cette même liberté qu'ils s'empressent de re-codifier selon des humeurs et des tendances, avouons-le, pas trop catholiques. Quand, en France, on « immole » un grand philosophe français (Garaudy) parce qu'il conteste une version de l'histoire concernant l'holocauste, ce qui relève de son droit et devoir d'historien et de philosophe, et qu'on encense et protège ceux qui commettent des actes gratuits, fruits de ce n'importe-quoi intellectuel qui fait ravage, et à l'encontre des valeurs d'un tiers de la planète, on est en droit de chahuter dans les rangs de certaines consciences. Une chape de plomb pèse sur l'esprit occidental en général et celui français tout particulièrement parce qu'il nous touche de si près. Le devoir de morale et d'éthique nous dicte de dénoncer ces tribunaux d'inquisition qui envoient au bûcher quiconque ose effleurer la sensibilité à fleur de peau du juif et du sioniste à l'exclusion des autres appartenances et cultures. Ecrivains, créateurs, hommes de théâtre, humoristes, caricaturistes... évoluent sous l'œil inquisiteur de tous les Torquemada de la République des Lumières et des Révolutions libertaires.
Les raisons de la colère
Il va de soi qu'on doit se mobiliser face à toutes les violences, les crimes, les absurdités et les intégrismes. Leur opposer l'esprit, le débat et le respect. En avouant aussi nos erreurs et nos faiblesses, et en sachant que les grandes injustices du Nord créent les petites violences du Sud. Bref, il est plus qu'urgent que tout le monde réapprenne à vivre au lieu de se contenter de survivre.
Le rôle des médias, surtout indépendants, est d'œuvrer dans ce sens noble et de favoriser la circulation d'une info positive même si elle est moins rémunératrice que la provocation et les articles et analyses de concierges.
C'est vrai que le commun des mortels, aux prises à des peurs somme toute légitimes, est enclin à verser davantage dans les analyses et scénarios-catastrophes, les apocalypses imminentes et la bande-annonce du calendrier Maya. On lui fera croire sans trop forcer, que Charlie Hebdo, la vidéo L'innocence des Musulmans et les déjections de quelques squatters du milieu médiatique ou culturel, sont des victimes de la barbarie des autres, ces «autres», délibérément mal définis, afin qu'ils continuent de hanter les rêves innocents d'un Occident qui s'essouffle.
Comme on est loin de certaines analyses. Comme on est loin de nos vérités.


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