Depuis le 27 septembre et jusqu'au 27 octobre, le palais Kheïreddine accueille une rétrospective du peintre tunisien Ali Zenaïdi. Cet enfant de la Médina y revient sous le signe de l'hommage, qu'il rend à la Tunisie à travers son exposition. Les murs blancs du Musée de la ville de Tunis sont ornés de toiles hautes en couleur, où les dessins interpellent l'identité arabo-berbère de la Tunisie, du nord au sud, du lointain dans le temps jusqu'à aujourd'hui. Justement, c'est à un voyage dans le temps que le visiteur est en effet invité, parmi les 150 œuvres du peintre, réalisées entre 1975 et 2012. Il s'en est passé des choses, pour le pays comme pour l'artiste, entre ces deux années et les toiles incarnent la rencontre de leurs itinéraires. L'histoire de la Tunisie croise le pinceau et la palette de vie de Ali Zenaïdi, dont le regard n'est que plein d'amour révélateur des richesses humaines et culturelles de son pays. La rétrospective dédiée à l'œuvre de cet artiste est une occasion pour le présenter une nouvelle fois au large public, d'une manière exhaustive. Il a participé à des expositions dans le monde arabe et dans plusieurs pays étrangers. En 1991, il a obtenu le premier prix d'art contemporain à San Vito en Italie. En 2010, il a été le lauréat du grand prix de la Ville de Tunis. Il n'est donc pas étonnant de voir le ministère de la Culture et la municipalité de Tunis mettre en place cette exposition pour laquelle l'Etat a prêté une trentaine de toiles de Zenaïdi, sorties de sa collection. Une rétrospective permet également de retracer l'évolution du parcours d'un artiste, où il change souvent de thèmes et de techniques. En ce qui concerne ce plasticien, son œuvre témoigne de sa fidélité à sa première source d'inspiration, «la mémoire», dirigée ici vers un «Hommage à la Tunisie», qui n'est autre que le nom de l'exposition. Dans le même temps, il affirme s'éloigner de plus en plus de l'abstraction qui a accompagné ses débuts, pour adopter une approche plus narrative de son sujet de prédilection. Ce qui ne prend pas une ride au fil des années, c'est le souci de la composition et de l'équilibre dans les toiles de Ali Zenaïdi, et la recherche de nouvelles palettes, portant son empreinte personnelle. Deux grandes familles de toiles se distinguent dans cette exposition. Il y a, d'un côté, celles qui représentent des scènes de vie, retraçant le quotidien, les rituels et les habitudes des Tunisiens, l'univers des femmes derrière les murs impénétrables de la Médina, la plage, la «zarda» et la «ziara», etc. D'un autre côté, il y a une grande partie qui puise dans notre patrimoine berbère et africain, dans ses couleurs et ses symboles, comme cette huile sur toile «Mémoire des signes», réalisée en 1999, ou encore «Rythme africain», datant de 2002. Ici et là, le choix des couleurs, qu'elles soient chaudes ou froides, est un élément remarquable dans chaque toile. De par la récurrence du thème de la mémoire et de par la variation des techniques utilisées, on ne peut pas réellement parler de ruptures dans l'œuvre de Ali Zenaïdi. La technique mixte, l'huile sur toile et les pastels l'accompagnent depuis ses débuts. Il y a tout de même, dans la quarantaine d'œuvres nouvelles, peintes entre 2011 et 2012, une dominance de collages et d'acrylique sur toile, cette dernière technique ayant fait son apparition dans l'œuvre de Ali Zenaïdi, dans les années 2000. L'artiste gravit ainsi de nouvelles marches dans son parcours. On ne peut que lui souhaiter continuité et longévité. Quant à cette rétrospective, qui est une vraie exaltation visuelle, c'est un devoir de mémoire que d'y aller.