«Peu importe que le chat soit gris ou noir pourvu qu'il attrape les souris». Cette citation est de Deng Xiaoping, l'architecte de la réforme et de l'ouverture en 1978. Aujourd'hui, trente ans après, le Petit Timonier peut dormir tranquillement. La Chine enregistre une croissance à deux chiffres, son développement est prodigieux et son modèle fascine et donne parfois le vertige. Il suffit, en effet, de visiter Shanghai ou d'autres villes chinoises pour saisir à leur juste valeur l'ampleur et la grandeur de la puissance chinoise, qui concentre à elle seule un sixième de la population mondiale. C'est ainsi qu'à travers l'Exposition universelle 2010, Shanghai a non seulement donné rendez-vous au monde mais la Perle de l'Orient voulait également incarner désormais la capitale du monde. Avec ses 20 millions d'habitants, ses gratte-ciel, ses immeubles gigantesques, ses tours, ses grandes multinationales, ses biotechnologies, ses grands centres commerciaux, ses panneaux publicitaires, ses ponts, ses échangeurs, ses verdures et ses centres culturels, Shanghai est désormais le centre du monde. Lorsqu'on se promène à Shanghai, on se croirait à New York. Les jeunes et les moins jeunes semblent vivre plutôt à l'occidentale. Le soir, les cafés, bars et restaurants sont quasiment remplis de clientèle essentiellement chinoise. «Le niveau de vie s'est beaucoup amélioré ces dernières années», avouent tous nos interlocuteurs. Ouverts, tolérants et modernes, les habitants de Shanghai sont très attachés à leur identité, à leur histoire et leur culture : «Nous sommes fiers d'être Chinois», ne cessent de nous rappeler tous ceux que nous avons rencontrés. C'est de cette fierté indéfectible que le peuple chinois tire sans doute toute sa force, son énergie et son dynamisme créateur. Méthodique, laborieux, sérieux et courageux, ce peuple a su, en effet, vaincre la nature pour la façonner à la mesure de ses grandes ambitions. La Chine actuelle s'impose désormais comme une grande puissance mondiale qui fait trembler l'Occident. «La grandeur n'est rien sans la vertu», disait Confucius. Shanghai, contrairement à d'autres grandes métropoles, est une ville où se marient la modernité et l'authenticité, l'universel et le local, la croissance économique et le progrès social, l'urbanisme et l'écologie, l'individualisme et la solidarité. «Nous sommes très attachés aux valeurs d'égalité, de fraternité et de justice. Pour nous, cette exposition est un signe de dialogue avec les autres et un symbole d'harmonie entre la cité et ses habitants», tiennent à souligner les responsables chinois tout en précisant que l'humanité est la somme de tous ses peuples, de toutes ses cultures et de toutes ses civilisations. C'est dans cet ordre d'idées que Shanghai, contrairement à d'autres métropoles, est le symbole d'une capitale mondiale où le progrès, la technologie, la science, le savoir, la médecine et le bien-être sont pour tous sans exception aucune. «Nous sommes déçus par les vaines promesses occidentales qui nous ont bien souvent marginalisés et exclus. Ici à Shanghai, nous sommes, quelque part, chez nous», nous ont déclaré plusieurs Africains. Amie des pays du Sud, la Chine tend la main, sans arrogance et même avec beaucoup d'humilité, à tous ceux qui désirent fonder un monde débarrassé de ses égoïsmes, de ses cynismes et de ses préjugés : «Chine-Tunisie : la main dans la main pour un avenir radieux», vient de le rappeler, hier, dans la tribune de La Presse, M. Yang Jiechi, ministre des Affaires étrangères de la République Populaire de Chine.