Les bassins des Aghlabides, qui couvrent une superficie de 11.000m2 et qui fascinent par leur belle architecture et leur grande dimension, allient subtilement utilité et esthétique. Construits entre 860 et 862, ils se composent de deux bassins, de tailles différentes, reliés par un conduit : le plus grand, d'un diamètre de 128m et d'une capacité de 57.000m3, servait de réservoir, et le plus petit de 34m de diamètre et d'une capacité de 4.000m3, de bassin de décantation. Les deux ouvrages s'inscrivent dans de puissantes enceintes polygonales, renforcées de contreforts cylindriques pour contenir la poussée de l'eau. Or, aujourd'hui, ces bassins sont dans un très mauvais état à cause des poubelles et des canettes de bière lancées le soir par les clochards, faute d'un gardiennage permanent. Ceci sans oublier les nombreuses brouettes des marchands ambulants à l'entrée du site qui proposent aux visiteurs toutes sortes de pacotilles et de pâtisseries. Face à cet état de délabrement et de mauvaise gestion de l'espace environnant, les responsables archéologiques ont adopté une nouvelle stratégie pour la réhabilitation des bassins des Aghlabides, comme nous l'a précisé le Dr Lotfi Abdeljaoued, responsable de l'INP à Kairouan. D'abord, on va commencer par trouver des solutions pour limiter les effets néfastes et dangereux de la remontée capillaire résultant de la montée de la nappe phréatique et de la salinité de l'eau stagnante. Ensuite, on procédera à la restauration des mausolées et des zaouias situés aux alentours des bassins, dont Sidi Guith, Sidi Youssef Dahmani, etc. Puis, on abordera le volet de la recherche scientifique en procédant à la prospection électromagnétique en vue de rechercher des bassins encore ensevelis et mentionnés dans les documents historiques. A côté de cela, on effectuera des sondages archéologiques pour mieux délimiter le site et pratiquer des fouilles en vue de dégager les canalisations qui amènent l'eau vers les bassins, sachant qu'en 1984, des fouilles ont été pratiquées dans cette zone et ont mis au jour les traces de ces raccordements, mais il n'y a eu aucune publication. Le Dr Abdeljaoued ajoute que l'autre priorité concerne la réhabilitation des bassins, la clôture des 2 hectares situés du côté nord des bassins et affectés par l'INP au site. En outre, toutes les composantes du site déjà existantes ou qui seront éventuellement découvertes seront mises en valeur. Enfin, on passera à l'aménagement général des bassins classés patrimoine mondial. Notons que tout ce projet ambitieux verra ses travaux démarrer fin 2012.