WASHINGTON (AP) — Barack Obama a soumis hier un projet de loi au Congrès qui, au cas où il serait adopté, lui permettrait de forcer les parlementaires à se pencher à nouveau sur des dépenses budgétaires déjà votées mais jugées guère utiles ou dispendieuses. Selon ce texte, le Président américain aurait au moins deux mois pour examiner les dépenses ayant été votées au Parlement concernant des projets dont la portée pour l'intérêt général est minime ou douteuse. Il pourrait alors exiger du Congrès un vote direct sur l'approbation ou non d'un ensemble de restrictions budgétaires pour ces projets. Après le rejet d'un tel dispositif par les sénateurs démocrates il y a seulement trois ans, l'initiative de Barack Obama se présente comme une gageure. Toutefois, elle pourrait bien remporter l'adhésion des parlementaires, désireux de se montrer inflexibles sur les dépenses dans l'environnement politique antifédéral actuel. La Maison-Blanche a expliqué que M. Obama souhaitait utiliser ce nouveau pouvoir pour supprimer les dispositions législatives permettant d'allouer des budgets à des projets très spécifiques, tels que des allocations pour des réseaux d'égouts, de canalisations ou des projets de construction de routes n'ayant pas été demandés par l'administration. Le président du groupe républicain à la Chambre des représentants, John Boehner, a déclaré dans un communiqué hier que les Républicains étaient satisfaits de cette initiative présidentielle, mais qu'elle n'est pas «un substitut à un réel budget freinant les dépenses fédérales globales». Selon la Constitution, le Président peut actuellement signer un texte de loi, ce qui l'oblige à l'accepter dans son ensemble, ou y opposer son veto, ce qui peut se révéler peu réaliste. Cela permet au Congrès d'ajouter des dépenses non désirées par le Président. Ce dernier peut demander au Congrès de réduire ces mêmes dépenses, mais il n'est pas tenu de l'écouter. L'initiative de la Maison-Blanche survient au moment où les représentants démocrates tentent de faire passer une proposition de loi débloquant de nouveaux budgets pour des programmes d'allocations chômage et d'aides aux Etats et aux professions médicales. De son côté, le Sénat examine des propositions de loi prévoyant de nouvelles dépenses militaires et scolaires. Une version musclée de ce dispositif législatif, accordant un droit de veto présidentiel, avait été votée par le Congrès en 1996 sous l'administration Clinton, avant d'être jugée inconstitutionnelle par la Cour suprême en 1998. Une version allégée du dispositif a été présentée en 2007 par le sénateur républicain Judd Gregg, mais rejetée. Ce dispositif existe déjà dans certains Etats américains.