Près de 65 bateaux de pêche ont quitté hier matin le port de Kerkennah à destination de l'île de Lampedusa, en Italie. Il ne s'agit pas d'une émigration clandestine ou secrète. Bien au contraire, c'est une «traversée annoncée», dès hier matin, par certains habitants de Kerkennah pour protester contre un danger qui menace sérieusement leur gagne-pain, la pêche au chalut. Les unités de sécurité n'ont pas pu intervenir car ces embarcations n'ont pas encore dépassé les eaux territoriales. Plus de cent embarcations ont occupé, tôt le matin, le port de Kerkennah, gouvernorat de Sfax, pour manifester leur colère et leur indignation de certaines pratiques illégales de bon nombre de marins-pêcheurs. Ces derniers n'hésitent pas, depuis quelque temps, à pratiquer la pêche au chalut, interdite par la loi. Plusieurs familles de marins-pêcheurs sont à bord de ces embarcations et menacent d'effectuer un «un exode collectif». Ils rappellent qu'ils ont, à maintes reprises, attiré l'attention des autorités publiques sur les dangers de la pêche au chalut qui menace directement leur gagne-pain quotidien. Face à «la passivité» des autorités compétentes en matière d'application de la loi, les marins-pêcheurs de Kerkennah se trouvent dans l'obligation de lutter contre ce phénomène par tous les moyens. Contacté, l'un des organisateurs de ce mouvement d'exode collectif a nié catégoriquement l'aspect politique de cette protestation et notamment les rumeurs relatives au financement par le Front populaire de cet exode. Bien au contraire, insiste-t-il, il s'agit d'un cri d'alarme de toute une population menacée par une poignée de gens hors la loi. La pêche au chalut est catastrophique pour la richesse maritime. Elle atteint essentiellement le cycle de reproduction des poissons. C'est une pratique illégale qui menace la richesse halieutique. Première activité économique de toute une région, la pêche est une source de revenus pour la majorité écrasante des habitants de l'île. Ainsi, la protection de cette richesse est une responsabilité commune, un devoir de tous les habitants.