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Attention acquis fragile !
Liberté d'expression
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 01 - 2013

Deux ans après le déclenchement de la révolution tunisienne, aucune des revendications sociales, brandies de Sidi Bouzid à Tunis, n'a été réalisée. Seul acquis : la liberté d'expression. Mais attention acquis fragile! Notamment face au pesant vide juridique auquel le secteur fait face actuellement.
Tous les jours, des signes confirment le retour de vieux démons : censure, désinformation officielle, menaces, agressions, procès et campagnes de dénigrement contre les journalistes. En août dernier, le gouvernement désignait Lotfi Touati, ancien commissaire de police et propagandiste de Ben Ali, pour diriger les deux journaux, Essabah et Le Temps, tombés dans les années 2000 sous la coupe du gendre de l'ex-président. Humiliée, la rédaction tout entière refuse cette décision et décide d'entamer un sit-in ouvert suivi d'une grève de la faim... jusqu'à ce que le pouvoir donne satisfaction à toute l'équipe du groupe de presse Dar Essabah.
Le journalisme, un métier sinistré ?
Certes, l'euphorie des premiers temps vécue par la plupart des professionnels, en introduisant dans les salles de rédaction un vent de liberté inespéré à la suite de la suppression du ministère de la Communication, la dissolution de l'ancien Code de la presse, l'un des plus liberticides au monde, et la levée de la censure sur Internet, a aussi entraîné des dérapages professionnels et déontologiques.
Les rumeurs «facebookiennes» trempées dans une quête de l'immédiateté et du sensationnalisme inondent les médias au lendemain du 14 janvier au détriment de l'investigation, du recoupement et de la rigueur. Par ailleurs, à la télé et à la radio publiques, même si les leaders de l'opposition, hier personae non gratae, investissent désormais les débats, les plateaux exhalent souvent un parfum de pugilat politique et de règlements de comptes personnels. Les journaux télévisés restent dominés par les communiqués et le discours officiels. Les talk shows de l'ex-TV 7, rebaptisée Télévision Nationale après la Révolution, choquent plus d'un, notamment lorsqu'un citoyen appelle en direct le 26 février 2011 au meurtre du premier ministre Mohamed Ghannouchi, qui démissionnera le lendemain.
Les journalistes semblent en perte de boussole. Toutes ces années de plomb ont-elles donné lieu à un métier sinistré?
Des voix s'élèvent alors pour réclamer la création d'une structure indépendante susceptible de travailler sur des repères inspirés des standards internationaux afin de réguler le secteur de l'information et de la communication. C'est ainsi que l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (Inric) voit le jour en mars 2011. Elle travaillera d'arrache-pied une année et demie durant pour mettre en place trois décrets-lois visant à ancrer les principes de la liberté de la presse, de la sécurité physique et morale des journalistes et leur droit à l'accès à l'information et à la protection de leurs sources.
Jusqu'à la tenue de la grève générale des journalistes le 17 octobre 2012, la première dans l'histoire du métier, le gouvernement avait refusé d'activer les décrets-lois 115 et 116, pourtant publiés dans le Journal officiel en novembre 2011. Le premier porte sur le nouveau Code de la presse et le second sur la création de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica). Mais le pouvoir tarde à mettre en place les décrets d'application de ces lois, continuant ainsi à entretenir un dangereux vide juridique.
Une ambiance dominée par des schémas autoritaires
«Les nouveaux pouvoirs reproduisent les pratiques des anciens. Or, ils font face à une aspiration à la liberté très forte de la part des journalistes», soutient le juriste Mustapha Ben Letaief, qui a fait partie du groupe de travail impliqué dans l'élaboration des décrets-lois sur l'information. Objet d'une profonde discorde entre le pouvoir et les organisations professionnelles, la Haica possède toute latitude lui permettant d'opposer son veto contre la nomination d'un dirigeant à la tête de médias publics, accorde les licences aux nouvelles chaînes de télé et de radio, peut les retirer également le cas échéant et sanctionne tout média ayant violé les principes du respect dû à la personne humaine et sa dignité, à la protection des enfants et à la déontologie professionnelle.
«Le vide juridique a entraîné un vrai gâchis : nominations à la tête des médias publics en contradiction avec le principe de l'indépendance de ces structures, création illégale de nouvelles télés, incursions physiques dans les rédactions, appel à la pédophilie sur des plateaux de TV...», regrette Larbi Chouikha, ancien membre de l'Inric et professeur à l'Institut de presse de Tunis.
La Tunisie est une vieille autocratie. Dès les années 60, le pouvoir exécutif asservit la parole critique, usant pleinement de l'information comme d'un instrument au service de sa propagande. Et si ce champ actuel de liberté et de résistance des journalistes ne représentait qu'une «éclaircie» dans une ambiance générale encore dominée par des schémas autoritaires et répressifs hérités de la dictature? Surtout que ce système ancien, construit au gré des années, n'a pas été, dans le cadre d'une justice transitionnelle, revisité, diagnostiqué, assaini et ouvert «à la parole de la vérité, qui pacifie la mémoire», selon l'expression du psychanalyste tunisien Fethi Ben Slama.
«Il est difficile d'esquisser la configuration future du paysage médiatique, tellement celle-ci dépend du devenir politique du pays, du profil et de la culture des nouveaux dirigeants, de la nature et de la composition des structures de régulation appelées à voir le jour», affirme Larbi Chouikha.
Mais malgré toutes les menaces qui pèsent sur ce secteur organiquement lié à la qualité d'une démocratie, à son intelligence et à son pluralisme, jamais le pays n'a connu dans son histoire une liberté d'expression aussi grande, un désir d'indépendance aussi déclaré et assumé de la part notamment des professionnels des médias publics, une floraison aussi importante de journaux, de sites, de blogs, de télés, de radios, de dessinateurs de presse, d'humoristes de l'actualité... Consolider ces précieux et si fragiles acquis passe également par le travail des journalistes sur leur professionnalisme et le respect scrupuleux de la déontologie de ce passionnant métier qui est le leur...


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