Le bastion français a tremblé, mais ne s'est pas effondré. Le verrou allemand a fini par craquer. Les anciens auraient payé cher pour assister à cet événement. Le handball tunisien a confirmé qu'il était bien le premier sport collectif réellement représentatif sur le plan international. Il faudrait quand même reconnaître qu'en dépit de cette phase de reconstitution de l'équipe et de la prudence de l'entraîneur (qui vaut mieux que les fanfaronnades des autres), le «sept tunisien» a donné des gages sérieux : il possédait une marge de progression à même de lui permettre d'aller loin. Et la majorité des observateurs, qui ont vu les deux rencontres livrées à la France champion du monde et de l'Allemagne qui rêve de renouveau mais à qui personne ne contestera son rôle de référence du handball mondial, ont conclu « qu'avec cette équipe, la Tunisie ne doit pas se suffire de la qualification au tour suivant ». Voila donc l'équipe de Portes reconstituée et en voie de renouveler l'exploit de 2005. Il faudrait quand même se garder de perdre la tête et d'asseoir ce statut enviable. Elle en a les moyens et les capacités physiques, techniques et collectives pour relever le défi. Les éléments lancés ont prouvé l'assimilation rapide des mécanismes qui ont été sollicités aussi bien en défense qu'en phase d'attaque. En défense, le passage, souple et spontané, d'un positionnement à l'autre, en fonction de l'évolution de l'adversaire, a mis en difficulté les attaquants adverses. En attaque, les solutions ont été beaucoup plus nombreuses et les « bras » se sont libérés pour affoler les prévisions des gardiens lesquels n'arrivaient plus à « lire » la direction choisie pour loger le cuir dans la cage. Cette variété de tirs a été d'ailleurs le point fort de l'équipe de Tunisie qui a démontré ainsi la richesse de son potentiel humain. Il faudrait certainement souligner que l'expérience des joueurs évoluant à l'étranger a été déterminante dans les moments cruciaux. Ils ont su encadrer leurs jeunes camarades avec une mention spéciale pour Tej dans son rôle de capitaine courageux. Il a été de nouveau confirmé que pour les sports collectifs, l'ouverture de nos frontières pour nos meilleurs éléments a atteint un double objectif : tout d'abord, nos clubs ont su donner leurs chances à des jeunes pleins de ressources. L'expérience acquise auprès des équipes qui ont engagé nos joueurs a énormément compté pour aider à l'affûtage du reste de l'effectif. Le travail imposé par le sélectionneur a eu pour mérite d'accélérer la symbiose. Cela incitera-t-il les autres disciplines à encourager les meilleurs à aller s'aguerrir aideurs, le temps d'avoir une compétition digne de ce nom ? Maintenant qu'une partie des objectifs a été atteinte, il faudrait savoir négocier ce nouveau statut et mettre tout cet acquis au service des nouvelles ambitions. Depuis 2005, l'équipe tunisienne n'a pas démarré un Mondial dans la peau d'une formation offrant des gages sérieux.