Ghraïri ne mérite pas le procès en sorcellerie que certains voudraient lui intenter. La plupart des joueurs recrutés par le Stade Tunisien dans le cadre du mercato d'hiver viennent du CSS : Blaise Koissy, Hamdi Rouid, Haythem Ben Salem, Orok, Jassem Khalloufi, Karim Ben Amor, Fehmi Dhouib. Autant de joueurs dont l'arrivée a suscité l'interrogation des supporters stadistes qui accusent Ghazi Ghraïri de favoriser le recrutement de ces joueurs au détriment de ceux formés au sein du club. L'on n'hésite pas aujourd'hui à reprocher à l'entraîneur stadiste d'avoir vidé le club en poussant certains joueurs vers la porte de sortie. Contacté, ce dernier voit les choses autrement et qualifie les recrutements en question comme étant bien ciblés et de nature à répondre aux besoins de l'équipe. «Je connais la valeur des joueurs recrutés et je suis convaincu de l'utilité de chacun d'entre eux. Personnellement, je vois les choses autrement. Le recrutement de ces joueurs devrait en effet nous faire gagner beaucoup de temps. Je n'ai pas besoin de les tester et ils sont tous opérationnels». Finalement, Ghraïri ne mérite pas le procès en sorcellerie que certains voudraient lui intenter. Il avait déjà prouvé qu'il n'était pas seulement un maçon tout juste bon à édifier des murs. Là où il est, il a réussi là où toute une flopée de collègues prestigieux avait échoué. Sa présence à la tête de l'équipe stadiste ne dit peut-être pas tout, mais elle en dit beaucoup. L'avènement d'un entraîneur est toujours une étape captivante dans la vie collective d'une équipe. Ghraïri tourne une page et en ouvre une vierge. Il tient à impulser une dynamique faite d'idées personnelles et de développement d'un projet. Bref, il peut représenter à lui seul un état de grâce qui risque certes de ne pas durer en fonction des résultats à venir, mais qui doit pouvoir entraîner une vague porteuse et bénéfique. Voilà en fait un entraîneur qui détient des atouts que beaucoup de ses prédécesseurs ne possédaient pas : le charisme, la disponibilité, le sens de l'ouverture, la souplesse dans les convictions et la capacité de convaincre. Cicatrisable!... Le dernier match amical face au CAB, qui a clôturé le stage de Hammam-Bourguiba, et qui s'est soldé par une victoire amplement méritée des Stadistes, a donné raison à Ghazi Ghraïri. De l'avis des observateurs, tous les joueurs récemment recrutés ont donné satisfaction. L'entraîneur stadiste a aligné, à l'occasion de cette rencontre, deux équipes. Chose qui lui avait notamment permis de voir tous les joueurs, sans exception, à l'œuvre. Hamdi Rouid n'a pas manqué de retenir l'attention, notamment dans son rôle de prédilection à l'axe central. Même chose pour Karim Ben Amor, auteur d'une prestation époustouflante. En attaque, Blaise Koissy a confirmé tout le bien qu'on pense de lui et son recrutement devrait forcément être bénéfique pour un compartiment qui a plus que jamais besoin de renfort et d'efficacité. Mais la principale satisfaction vient de Borhane Ghannem, incontestablement meilleur joueur sur le terrain. Le milieu stadiste s'est illustré notamment comme étant à l'origine de la victoire de son équipe. Depuis le début de la saison, le Stade avance en ordre dispersé, façon puzzle. Mais il peut toujours recoller les morceaux. En dépit des défaillances et du gâchis d'un club miné par un vide existentiel, se profile quand même un avenir pas aussi compromettant qu'on voudrait le faire croire. Gérer la désespérance induit des choses tellement négatives. Le temps est désormais aux prises de positions qui doivent être envisagées avec détermination et sans la moindre concession. Il s'agit en tout état de cause de replacer le débat au centre du terrain vert. Plus l'équipe avance et plus les joueurs devraient parler le même langage. Pour y parvenir, ils auraient ainsi besoin de retrouver une maîtrise technique acceptable et une solidité défensive correcte. Pour le moment, cela ne manque pas de rappeler une vérité: on joue comme on s'entraîne au ST. On peut cependant ajouter: il y a vraiment de la joie. Et pas seulement sur le terrain. Il fut un temps où beaucoup plus que les corps, ce sont les esprits qui avaient marqué l'incroyable fiasco de la phase aller. Si les jambes avaient traîné, c'est bien parce que les têtes étaient brisées. Et les illusions de grandeur avec...