Le partenariat public-privé est considéré comme étant une solution adaptée aux nouveaux défis économiques. En effet, la libéralisation excessive de l'économie a montré ses limites et a eu des impacts négatifs dans la mesure où plusieurs projets lancés n'ont pas fait long feu alors que des entreprises réputées ont été contraintes de licencier des centaines d'ouvriers et de cadres. Les arguments souvent avancés par les chefs d'entreprise concernent, entre autres, le déséquilibre financier, la récession de la demande, la baisse des recettes et donc l'impossibilité d'investir et de recruter. Le partenariat public-privé est déjà appliqué depuis des années en Grande-Bretagne et a donné des résultats satisfaisants, à en croire M. Javier Encinas, directeur adjoint à l'Unité internationale Infrastructure au Royaume-Uni au sein de la Trésorerie, qui a effectué une visite de deux jours dans notre pays au cours de laquelle il a rencontré des chefs d'entreprise des secteurs public et privé, ainsi que des cadres de plusieurs ministères comme ceux des Finances, de l'Investissement et de la Coopération internationale... Dans un entretien accordé à La Presse, M. Javier Encinas a indiqué que «cette visite s'inscrit aussi dans le cadre de la coopération bilatérale entre les ministères des Finances de la Tunisie et du Royaume-Uni. L'unité d'infrastructure au sein du ministère britannique des Finances est notamment chargée de conseiller le gouvernement sur un certain nombre de sujets qui concernent son domaine de compétence dans le cadre du partenariat public-privé. L'unité travaille aussi avec d'autres partenaires britanniques». «Le secteur privé propose des solutions» La Grande-Bretagne veut donc partager ses connaissances — à partir d'une longue expérience dans le domaine du partenariat public-privé en matière d'infrastructure — avec la Tunisie qui a préparé un projet de loi en la matière. «C'est un instrument puissant et efficient, estime notre interlocuteur. Le secteur public est chargé de définir les besoins et les résultats attendus alors que le secteur privé propose des solutions, effectue la conception, le suivi, la réalisation et l'entretien des projets d'infrastructure qui peuvent être des hôpitaux, des logements sociaux, des écoles... Et c'est à l'Etat de continuer à fournir les prestations aux citoyens, une fois le projet réalisé». Le secteur public prépare le projet et lance des appels d'offres nationaux ou internationaux ou les deux en même temps. «Cela dépend du choix adopté, assure M. Javier Encinas. S'il veut développer uniquement le tissu industriel national, l'Etat peut se limiter à des appels d'offres nationaux. Au cas où il serait intéressé par une attraction de nouveaux investissements extérieurs, la dimension internationale serait préférable. Mais il est possible d'opter pour la dimension nationale et internationale». Cependant, il ne faut pas confondre privatisation et partenariat public-privé. Cette dernière méthode consistant à impliquer les privés uniquement dans les travaux d'infrastructure alors que les prestations continueront à être assurées par le secteur public. Au Royaume-Uni, une vague de privatisations a démarré dans les années 70-80 pour impliquer les privés dans la gestion de plusieurs entreprises dont celles qui sont spécialisées dans l'eau, l'électricité, en plus des ports et des aéroports. Ce système de privatisation a été régularisé. «Les travaux sont de la compétence des privés, explique cet expert. Le secteur public doit continuer à fournir des services. Ce choix peut stimuler la création de nouveaux postes d'emploi dans les entreprises privées sélectionnées pour les travaux et mobiliser les financements. Plusieurs entreprises peuvent être chargées d'effectuer les différentes tâches de conception, de réalisation, d'entretien...». Le partenariat public-privé est appliqué dans plusieurs pays — en plus de ceux qui relèvent de l'Union européenne — comme le Mexique, la Colombie, l'Uruguay, le Brésil, le Canada, l'Afrique du Sud, l'Inde, le Maroc, le Vietnam, Taïwan, la Corée du Sud, l'Australie... Pour la Tunisie, le Royaume-Uni peut poursuivre ses missions en vue de renforcer les capacités existantes avant le lancement de cette expérience prometteuse.