Le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, a annoncé, lors d'une allocution télévisée depuis le palais de Carthage, hier soir, qu'il a présenté sa démission au président de la République provisoire, Moncef Marzouki. «Je m'étais engagé à démissionner si l'initiative de former un gouvernement de compétences apolitiques ne réussit pas et c'est ce que j'ai fait aujourd'hui», a-t-il lancé, soulignant que «cet échec et cette démission ne sont pas un échec de la Tunisie ou de sa révolution». «Cette démission ne signifie pas un manquement au devoir», a-t-il encore insisté, indiquant avoir demandé à tous les membres du gouvernement, lors du Conseil ministériel tenu hier, de poursuivre leurs activités au service du peuple et l'Etat. «Nous nous emploierons à assurer la pérennité de l'Etat et la continuité de ses services, et veillerons à ce qu'il n'y ait pas un vide politique et institutionnel à tous les niveaux», a-t-il assuré. Hamadi Jebali a en outre noté que «le peuple tunisien est déçu par son élite politique et il est impératif de rétablir la confiance», relevant dans ce sens que sa démission «est un pas pour restaurer la confiance» et constitue «une épreuve pour tous les acteurs et partis politiques». Au sujet de son éventuelle candidature à la présidence du prochain gouvernement, Hamadi Jebali a souligné être «toujours convaincu par la nécessité de former un gouvernement de compétences nationales apolitiques», se disant toutefois «prêt à rester au service du peuple» à condition que le prochain gouvernement soit «à l'abri de tous les tiraillements politiques et qu'il assure une plate-forme favorisant un dialogue national sans exclusion et fixe, en particulier, une date pour les prochaines élections». Et d'ajouter : «Je ne m'engagerai dans une nouvelle expérience que si la date des élections est fixée, et avant cela, la Constitution parachevée». Le plus important, a insisté Hamadi Jebali, c'est d'apporter une vision plus claire aux Tunisiens, aux acteurs économiques et sociaux et à l'opinion publique nationale et internationale. «Le prochain gouvernement, même s'il est de coalition, doit être le gouvernement de tous les Tunisiens et défendre le droit de tous les citoyens de se réunir et de manifester librement», a encore insisté M. Jebali, ajoutant que «l'Etat doit assumer sa responsabilité de garantir les libertés, et ne permettre à aucune partie, organisations ou comités, de se substituer à son rôle». Relevant que «ces conditions sont une sorte de contrat moral conclu avec le peuple tunisien», Hamadi Jebali a affirmé qu'il ne «briguera aucun poste, quel qu'il soit» et qu'il ne se présentera pas aux prochaines élections. Il a assuré, également, qu'il veillera à ce que les membres d'un éventuel gouvernement qu'il présidera ne se présentent pas. «J'ai tiré les leçons des concertations avec les partis politiques et réalisé que l'initiative ne pouvait pas aboutir», a-t-il indiqué, précisant : «Je n'accuse personne et ne fais porter la responsabilité à aucune partie, mais il faut cesser les échanges d'accusations et les conflits parce que le peuple en a assez», a-t-il conclu.