Le frère du martyr Chokri Belaïd, Abdelmajid Belaïd, a accusé certaines parties d'avoir exploité l'assassinat de son frère, citant notamment le mouvement Ennahdha et le ministre de l'Intérieur Ali Laârayedh, qu'il considère «comme responsables de ce crime odieux». Lors d'une cérémonie à la mémoire du martyr, hier à la maison de la culture Ammar-Farhat à Béja, il a indiqué que «les parties qui refusent le dialogue et la coexistence pacifique entre tous les Tunisiens sont les assassins de mon frère». La cérémonie s'est déroulée sous le signe : «Nous sommes tous Chokri Belaïd contre la violence et le terrorisme». De nombreux partisans du Front populaire, des forces démocratiques et de la société civile ont assisté à la cérémonie. Abdelmajid Belaïd a ajouté que le Front populaire, le Parti des patriotes démocrates unifié et le Parti des travailleurs demeurent fidèles au parcours militant de Chokri Belaïd et œuvrent à la réalisation des valeurs prônées par ce leader, à savoir la liberté, la démocratie, la justice et le dialogue. M.Belaïd a salué les habitants de Béja qui sont venus nombreux à cette journée commémorative, rappelant que son frère avait présidé, deux jours avant son assassinat, un meeting du Front populaire dans ce gouvernorat après avoir été victime, avec les militants de son parti, d'une agression le jour précédent au Kef. Le frère de Chokri Belaïd s'est déclaré déçu de l'état d'avancement de l'enquête pour dévoiler le meurtrier de son frère. Il a indiqué que «la famille du martyr ne s'intéresse plus à la piste des salafistes, soutenus par les ligues de la protection de la révolution, mais qu'elle tient surtout à connaître les commanditaires du crime». «Un ultimatum de 10 jours a été donné aux autorités tunisiennes pour dévoiler les auteurs du crime», a-t-il dit, ajoutant que «des contacts ont été établis avec des juristes en Europe, notamment en Suisse, en Espagne, et en France, pour examiner les possibilités de recours à la justice internationale». D'un autre côté, le porte-parole du comité de défense du martyr Chokri Belaïd, Nizar Snoussi, a indiqué dans une déclaration à l'agence TAP, que le Conseil des droits de l'Homme relevant des Nations unies a été saisi, officiellement, l'affaire. Il a rappelé que ce Conseil, qui a un rôle consultatif, pourrait charger une délégation d'enquêteurs pour faire le suivi de l'enquête ou créer un comité international indépendant pour l'ouverture d'une enquêter sur cet assassinat. Des slogans hostiles au mouvement Ennahdha et à la dictature ont été scandés lors de cette manifestation qui s'est déroulée sous une forte présence policière.