Les questions brûlantes de l'heure au centre des assises Qui succédera à Ameur Laârayedh ? En dépit d'un léger mieux constaté dans les derniers sondages où sa cote de popularité est brusquement repartie à la hausse, il est incontestable qu'Ennahdha est actuellement loin d'être bien dans sa peau. On peut même dire qu'il est en train de traverser l'une des passes les plus difficiles depuis sa création il y a 40 ans. Jugez-en : – Perte de trois ministères de souveraineté. – Cascade d'écarts de langage au passif de certains dirigeants du mouvement, ces actes condamnés un peu partout ayant beaucoup nui à l'image de marque de ce dernier. – Persistance de la grogne de l'opposition dont les tirs groupés en direction d'Ennahdha n'ont rien perdu de leur agressivité. D'où des procès par-ci, par-là. – Echec cuisant des représentants du mouvement aux dernières élections estudiantines. – Poursuite des défections dans les rangs des jeunes nahdhaouis. – Augmentation non-stop du nombre des dossiers brûlants encore en suspens (lutte contre la corruption et la malversation, assassinat de Chokri Belaïd, comités de protection de la révolution, médias, justice, chômage, salafisme, jihadisme, etc.) Autant d'ennuis qui prouvent qu'Ennahdha ne s'est presque jamais senti aussi bousculé, aussi mis à mal. D'où l'unanimité faite récemment au sein du mouvement autour de l'urgence d'amorcer la contre-attaque appropriée. Cela s'est traduit, illico presto, en début de semaine, par l'intensification des réunions et des séances de travail, aussi bien au siège du mouvement que... plus tard dans la nuit au nouveau domicile de Rached Ghannouchi, sis du côté de la cité Ghezala. Selon les mêmes indiscrétions, si certaines de ces séances ont respecté le tour de table d'usage, il n'en est pas de même pour d'autres qui ne furent pas de tout repos, sur fond de poignantes divergences de vues vite matées par le cheikh. Ce dernier ne badine pas avec tout dialogue de sourds susceptible de nuire à l'union sacrée du mouvement. «Non, nous n'avons plus droit à l'erreur, au moment où les prochaines élections pointent à l'horizon, et où l'opposition s'acharne encore à nous mener la vie dure», nous confia un jeune nahdhaoui, habitué du décor planté au QG d'Ennahdha, à Montplaisir. «Là où, précise-t-il, on continue de cravacher dur, de jour comme de nuit, afin de relever les défis à court et à long termes». Et ce n'est pas un hasard si Rached Ghannouchi, d'habitude bureaucrate, a réussi récemment, malgré un corps vieillissant, «l'exploit» de présider deux meetings populaires (à la cité Ettadhamen et à Sousse) en l'espace seulement de 24 heures ! C'est qu'Ennahdha, toutes composantes confondues, semble déterminé à reprendre du poil de la bête, à rattraper le temps perdu. Les assises de son Conseil de la choura, prévues ce week-end, s'y attarderont sans doute, pour s'achever par la prise d'une nouvelle batterie de mesures qu'on dit «rigoureuses, prometteuses et devant permettre au mouvement de regagner en agressivité et en assurance, après le passage à vide des derniers mois». Par ailleurs, les travaux du Conseil de la choura verront l'élection d'un nouveau président du département politique d'Ennahdha, en remplacement de Ameur Laârayedh qui a demandé à partir au lendemain de la nomination de son frère à la tête du gouvernement. Aux dernières nouvelles, plusieurs candidats, dont Riadh Cheïbi, Sahbi Attig et Walid Bennani, seraient en lice pour sa succession.