Les constituants d'Ettakatol les moins assidus Créée juste à la veille des élections du 23 octobre 2011, Al Bawsala est une organisation non gouvernementale qui est constamment sur ses gardes et mène en permanence un travail de veille pour dévoiler les dessous du fonctionnement de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Son regard est toujours fixé sur l'absentéisme des constituants et leur participation au déroulement des plénières dans l'hémicycle. Un véritable œil de cyclope. Actualisée à deux reprises, la nouvelle version de «Marsad.TN» dont elle dépend vient d'être lancée pour plus de transparence et davantage d'informations sur ce qui se passe dans les travées et les rouages de la Constituante. Cette nouvelle a été annoncée lors d'une conférence de presse tenue, hier matin, à Tunis, par l'association «Al Bawsala». Sa présidente, Amira Yahyaoui, accompagnée de son staff de jeunes, a révélé que cette dernière version de l'observatoire de la Constituante se veut, en fait, plus ergonomique, plus accessible et plus riche en contenu. Il revêt, ainsi, un caractère interactif offrant aux utilisateurs un forum de questionnement et d'échange de débats avec les différents membres de l'ANC. «On essaie de mettre le citoyen au cœur de l'action politique, en lui donnant les moyens de s'informer sur l'exercice de ses élus, de leur demander des comptes et de défendre ses droits fondamentaux...», a-t-elle ajouté, indiquant que l'objectif est d'ancrer une nouvelle culture de «redevabilité» et d'établir des relations avec les élus et les décideurs. Une année et quelque mois déjà, l'ANC n'a pas encore révélé tous ses secrets. C'est que dans la cacophonie des débats et des délires politiques des uns et des autres, le projet de la Constitution s'écrit d'une main tremblante, sans aucun recours à l'expertise juridique. Son troisième brouillon récemment sorti ne semble pas être à la mesure des attentes. Et le citoyen qui avait, un jour, trempé le doigt dans l'encre indélébile, votant pour un régime d'assemblée, a aujourd'hui son plein droit d'accès à l'information parlementaire. L'observatoire en ligne www.marsad.tn est, désormais, là pour le mettre à la page. Depuis son lancement à ce jour, Mme Yahyaoui a recensé que ce portail ouvert à l'ANC a mis à la disposition des internautes quelque 116 votes détaillés au cours des séances plénières et plus de 300 documents, rapports et procès verbaux émis par les commissions constituantes, législatives, spéciales et mixtes. Volet assiduité aux plénières, le parti Ennahdha vient en tête des représentés à l'ANC avec un taux de participation de 79%, alors qu'Ettakattol, son allié au pouvoir, affiche, quant à lui, la dernière position (47%), soit le parti le plus absentéiste. Tel parti, tel président. Surtout que l'on sait que le taux de présence de M. Ben Jaâfar, en tant que président de l'Assemblée, est aussi assez faible, selon l'association. Et la présidente d'Al Bawsala de poursuivre que cette nouvelle version de «Marsad.TN», la troisième après celle conçue en septembre dernier, renferme sept rubriques dont la page d'accueil, celles de l'«Assemblée», «Constitution», «Votes», «Questions», «Documents», «Agenda» et «Chroniques». Toute rubrique comporte, évidemment, des liens qui renvoient à toutes les informations et les renseignements les concernant, l'ultime but est de former une base de données interactive sur l'ANC dans tous ses états. Désinformation et non-transparence, c'est ce dont se plaint Mme Yahyaoui dans sa communication avec l'ANC, signalant le problème de traçabilité qui y prévaut. Et d'enchaîner que certains constituants, en l'occurrence Salah Chouaïb et Tahar Hmila, n'ont pas encore la conviction qu'ils sont là grâce au citoyen qui leur a donné sa voix et qu'il a, aujourd'hui, le plein droit de savoir. Cette constitution, qui a coûté jusque-là à la communauté nationale plus de 31 millions de dinars, à titre estimatif, tarde à venir. Et l'on ne sait pas quand elle sera fin prête. Il en est de même pour les échéances électorales déjà fixées au calendrier. A défaut de transparence, l'association Al Bawsala, avec celle de Nawat et quatre autres citoyens, ont intenté un procès auprès du tribunal administratif, dans lequel ils ont porté plainte contre l'ANC en la personne de son président, suite à son refus de mettre à sa disposition tous les documents nécessaires afférents à l'activité de l'organisation. «Nous lui avons demandé maintes fois les documents, les procès-verbaux concernés et toutes les pièces justificatives d'absence des constituants, mais en vain. M. Ben Jaâfar continue de faire la sourde oreille..» a-t-elle précisé, concluant que le juge d'instruction est sur le point de clôturer l'enquête.