A la faveur des évènements terroristes qui se déroulent depuis plus de 10 jours à Jebel Chaâmbi à Kasserine, la dynamisation de la coopération sécuritaire au plan maghrébin s'impose comme une nécessité absolue et une revendication populaire. Il semble aussi que ce dossier brûlant n'est plus l'apanage exclusif des politiciens, puisque les parlementaires ont décidé de s'y impliquer. C'est ce qui ressort des premiers résultats de la visite de travail qu'effectue actuellement en Algérie le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale constituante, accompagné de constituants pour la plupart chefs des groupes parlementaires. D'après les indiscrétions qui sont parvenues à La Presse, à partir de la capitale algérienne, le dossier de la coopération sécuritaire antiterroriste s'est invité, avec insistance, lors des entretiens qui ont groupé les membres de la délégation de l'ANC avec les responsables algériens, en premier le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal et le président de l'Assemblée nationale populaire nationale algérienne, Larbi Ould Khelifa. L'Algérie ne sera jamais la base arrière des terroristes Lors de ces entretiens, les responsables algériens ont tous pratiquement convenu que «la sécurité de la Tunisie dépend de celle de l'Algérie et que la sécurité de l'Algérie dépend de celle de la Tunisie» et ont fait montre de leur disposition à renforcer leur action en matière de protection des frontières avec la Tunisie. «Toutefois, soulignent les membres de la délégation de la Constituante, ils ont été clairs en précisant qu'aucun soldat algérien ne franchira la frontière tunisienne pour participer à la traque des terroristes à Kasserine ou dans n'importe quelle autre région de la Tunisie. La constitution algérienne est tranchante là-dessus. Elle interdit ce genre d'action». Souad Abderrahim, constituante d'Ennahdha et membre de la délégation précise : «Nous avons senti chez les Algériens une conscience très avancée du danger terroriste qui menace notre pays et plus particulièrement de la contrebande qui constitue le nid où se cultive le terrorisme. Nous avons demandé la mise sur pied d'une stratégie commune pour l'éradication du terrorisme dans notre région». De son côté, Mohamed Hamdi, chef du groupe parlementaire de l'Alliance démocratique, souligne : «Le Premier ministre algérien nous a assurés que toutes les formes de coopération dans le domaine sécuritaire sont à envisager. Il nous a dit clairement : ne vous attendez pas à ce qu'on vous aide à l'intérieur de votre pays». Pour Sahbi Attig, président du groupe parlementaire d'Ennahdha, «les Algériens n'accepteront jamais que leur pays soit la base arrière des terroristes qui agissent en Tunisie. Ils veulent que les événements de Chaâmbi s'arrêtent le plus tôt possible et ils sont déterminés à tout faire pour qu'aucun terroriste ne s'infiltre chez nous à partir de l'Algérie ou puisse y trouver refuge». Il est à préciser que la lutte contre le terrorisme dans les pays du Maghreb s'est déjà invitée comme la préoccupation principale de la réunion des ministres de l'Intérieur de l'UMA tenue fin avril dernier à Rabat. La déclaration finale qui a sanctionné les travaux de cette réunion révèle, en effet, l'adoption d'une stratégie sécuritaire maghrébine commune. Dans cette stratégie, les pays maghrébins se sont engagés «à adopter une approche commune pour lutter contre le terrorisme et neutraliser les projets des organisations terroristes, à fonder un partenariat sécuritaire entre les pays de l'UMA et les pays de la région sahélo-saharienne et à contrer toutes les formes de financement du terrorisme». Afin que ces décisions ne restent pas lettre morte, il a été décidé la création d'un comité de suivi devant se réunir tous les trois mois (ou chaque fois que c'est nécessaire). La première réunion de ce comité de suivi aura lieu en juin prochain au Maroc.