De notre envoyé spécial à Doha Mongi GHARBI La délégation tunisienne conduite par le Chef du gouvernement provisoire M. Ali Laârayedh, en visite de deux jours au Qatar, a entamé son programme par une série de rencontres officielles avec les plus hauts responsables de l'Emirat. Le Chef du gouvernement, accompagné de M.M. Elyès Fakhfakh, Abdelwaheb Maâter et Mehdi Jomâa, respectivement ministres des Finances, du Commerce, de l'Industrie, et du général Rachid Ammar, chef d'état-major des trois armées, ont été reçus hier matin par l'Emir du Qatar Cheikh Hamad Al Thani (voir interview ci-bas pour les résultats de cette rencontre). Selon la formule consacrée par les usages diplomatiques, «cette visite a pour objectif déclaré la promotion des relations bilatérales dans plusieurs domaines de la coopération bilatérale et la prospection de nouvelles perspectives de partenariat», selon les explications d'un membre de la délégation. Les relations tuniso-qataries sont régies, rappelle-t-on, par pas moins de 84 documents juridiques, entre accords memorandums d'entente et autres protocoles dont 19 ont été paraphés par les deux parties après la révolution du 14-Janvier. Celles-ci englobent un certain nombre de domaines comme l'énergie, l'environnement, la formation professionnelle et les œuvres caritatives. Les transferts financiers du Qatar vers la Tunisie après la révolution sont esitmés, jusqu'en mars 2013, à 1,3 milliard de dollars US. Cette enveloppe comprend certes des prêts et des dons consentis par l'Emirat à la Tunisie depuis cette date mais comptabilise également les investissements des entreprises et établissements qataris résidents dans notre pays. A la remarque selon laquelle le niveau de présence économique du Qatar en Tunisie ne représente qu'une simple goutte dans le vaste océan, au regard des engagements financiers colossaux de l'Emirat dans le monde, le ministre du Commerce, M. Abdelwaheb Maâter, campe une posture parfaitement pragmatique. Il explique à La Presse que les relations bilatérales ne dérogent pas à la règle des intérêts réciproques bien compris qui régit la diplomatie et les rapports des pays dans le monde. En prélude à l'organisation de la Coupe du monde en 2022, l'Emirat engage actuellement des chantiers pour la réalisation d'une énorme infrastructure hôtelière. «Nous devons nous positionner à ce niveau et vendre notre savoir-faire dans les domaines de la décoration intérieure, la porcelaine ou les créations artisanales. Notre huile d'olive, nos dattes de grande qualité et quelques produits alimentaires ou le prêt-à-porter constituent également autant de niches prometteuses. Certes, la concurrence est forte avec les pays asiatiques notamment». «Mais là où on peut accaparer un segment de marché, c'est le secteur des services, l'ingénierie, la sécurité informatique et les bureaux d'étude spécialisés. De façon plus générale, nous devons diversifier nos partenariats économiques et dépasser les frontières du marché européen, en proie à de sérieuses difficultés. En termes de projection à l'horizon 2050, le continent africain et les pays du Golfe présentent d'excellentes perspectives. Nous devons par conséquent nous positionner», fait remarquer notre interlocuteur. Toutefois, il ne faut pas s'attendre à des privilèges consentis par nos partenaires et y compris par le Qatar, de façon volontariste. Cela relève de l'utopie. Chaque pays cherche à défendre ses intérêts. C'est valable pour le Qatar et les autres. A nous de faire preuve d'entrepreneuriat et de pragmatisme également. Les Qataris ne nous accordent aucun régime de privilège pour l'Emirat où le secteur privé est très actif, business is business. Pour sa part, M. Elyes Fakhfakh, ministre de Finances, a révélé que la Tunisie est en pourparlers avec l'Etat du Qatar pour le dépôt d'un capital de mille milliards de nos millimes. Une démarche similaire serait engagée avec la Libye également. Il est à relever que la trésorerie qatarie dispose d'un excèdent de 31 milliards de dollars générés par sa balance commerciale, lors de l'exercice 2012. Rien n'est cependant joué à ce niveau: les négociations se poursuivent entre les ministres Tunisiens et leurs homologues qataris, en marge des travaux de la 13e édition du Forum international de Doha, prévu aujourd'hui. Nous y reviendrons.