Ben Jaâfar : « Les Tunisiens n'auront confiance en la transparence des prochaines élections que si le gouvernement qui les y conduira est non partisan» Le secrétaire général d'Ettakatol a appelé, lors de son discours hier à l'ouverture des travaux du Conseil national extraordinaire à Sousse, à un gouvernement «d'union nationale non partisan » qui conduira le pays jusqu'aux prochaines élections. «Les Tunisiens n'auront confiance en la transparence des prochaines élections que si le gouvernement qui les y conduira est non partisan», a-t-il déclaré. Le concept reste flou, et pourrait laisser entendre que le parti se prononce en faveur d'un gouvernement de technocrates, mais dans ce cas pourquoi ne pas le dire clairement ? Selon Lobna Jribi, députée et membre du Conseil national, «le fait de ne pas préciser avec exactitude la forme et la composition d'un tel gouvernement vise justement à laisser une plus grande marge de manœuvre pour le dialogue national actuellement en cours». Néanmoins, Lobna Jribi pense qu'il pourrait s'agir d'une proposition proche de celle de l'Alliance démocratique, c'est-à-dire celle d'un «gouvernement de technocrates soutenu par un comité politique élargi», a-t-elle précisé. Pour sa part Mohamed M'saed, membre du bureau politique voit en cette annonce un «deuxième choc politique après celui du 6 août», déclenché par Mustapha Ben Jaâfar. « Cette déclaration saura pousser les protagonistes à trouver des solutions, ce gouvernement ne sera pas forcément composé de technocrates, mais pourra se positionner au-dessus des partis et sera composé peut-être de personnalités indépendantes et de politiciens compétents qui ne soient pas trop impliqués dans leurs partis», a-t-il expliqué au journal La Presse. D'autres interprétations au sein du parti semblent pencher vers un gouvernement de politiciens qui ne soient affiliés à aucun parti actuellement, faisant remonter à la surface des noms comme ceux de Ahmed Mestiri ou encore celui de Mansour Moalla. Dans son allocution, Mustapha Ben Jaâfar a mis l'accent sur l'importance qu'a joué son parti dans le rapprochement des points de vue, surtout après la décision de suspendre les activités de l'Assemblée nationale constituante jusqu'à la reprise du dialogue national. « J'ai été choqué par cette image de Tunisiens séparés par des barbelés, nous sommes arrivés à un point où devant la persistance de la division, j'ai pris mes responsabilités sans même pouvoir consulter les dirigeants à la tête de l'Etat, tant la situation n'était plus tenable», a-t-il expliqué. Il ajoute : «Quand des organisations nationales et des partis plus ou moins représentatifs d'une large frange de la population expriment un tel mécontentement, on ne peut pas faire la sourde oreille, et le dirigeant doit prendre en considération toutes les tendances». Par ailleurs, selon des indiscrétions reccueillies par La Presse, la tension serait à son comble à l'intérieur de la Troïka. Mustapha Ben Jaâfar aurait même déclaré aux représentants d'Ennahdha, furieux : «Personne ne peut me mettre à genoux, Bourguiba n'a pas pu le faire et j'ai quitté le parti destourien à l'époque de sa grandeur. Quant au fauteuil de la présidence de l'ANC, je n'y tiens pas». Voilà qui est clairement dit par quelqu'un à qui on reproche la mollesse excessive. MBJ aurait dit cela en réponse aux menaces de certains responsables d'Ennahdha, suite à sa décision de suspendre les activités de l'ANC. Le Conseil national extraordinaire qui vise, selon le secrétaire général, écouter les régions et les différentes opinions, est également l'occasion d'évoquer les prochaines élections et les éventuelles coalitions ou même... fusions. Selon Jalel Bouzid, membre du bureau politique, Ettakatol serait en pourparlers très avancés avec l'Alliance démocratique en vue de former une ligne modérée. «Le processus de négociation a été enclenché et les prochains mois pourraient accoucher d'un accord entre Ettakatol et l'Alliance démocratique sur la base d'une idéologie, d'un programme et d'un projet de société commun, dans le but de faire sortir le pays de la crise de bipolarisation», a-t-il révélé à La Presse.