La grogne des agents et cadres de l'Office de l'aviation civile et des aéroports (Oaca) est montée d'un cran, hier matin, après la désignation par le ministre du Transport d'un chargé de mission au sein de son cabinet (conseiller) dans un poste de responsabilité à l'Oaca. Le secrétaire général adjoint de la Fédération du transport au sein de l'Ugtt, M.Jamel Ferjani, qui revendique l'annulation de cette décision, a déclaré qu'une «correspondance adressée (Ndlr : par le ministre du Transport) à la direction générale de l'Office pour désigner M. Hamza Hamza (membre du Conseil de la choura du parti Ennahdha) en tant que responsable au sein de l'office, est à l'origine du tollé général qui a mis en branle les employés et cadres de l'office». «Il est à noter, poursuit notre interlocuteur, que ces recrutements ne concernent pas les hauts cadres uniquement et que le ministre du Transport a fourni à la direction générale une liste nominative pour le recrutement d'agents sous le registre des bénéficiaires de l'amnistie générale, et ce, sans procéder à un concours, sachant que la validité dudit décret de recrutement pour ce genre de cas a expiré au mois de juin 2013». Allégeance partisane Le syndicaliste, qui tire à boulets rouges sur ces pratiques «douteuses», a révélé que des «visites médicales d'embauche ont déjà étaient signalées au centre médical de l'Oaca pour le recrutement des Nahdhaouis et des membres actifs des Ligues de la protection de la révolution (LPR), à l'insu de tout le monde et en contournant les lois et les règles d'usage en matière de recrutement». C'est pourquoi, l'annonce de cette nouvelle nomination a mis en boule les employés et a fait sortir de ses gonds le syndicat de base. D'ailleurs, «à l'issue d'une réunion de coordination entre l'administration générale, les directeurs et les membres des syndicats de base de l'office, le président-directeur général a exprimé son refus de procéder à ce recrutement», assure M.Ferjani. En effet, lors du rassemblement de protestation qui a eu lieu hier devant le siège de l'Oaca et auquel ont pris part des employés et des syndicalistes, les slogans qui ont été scandés réprouvaient totalement «toute nomination basée sur l'allégeance partisane ou sur la complaisance». D'autant plus que nous vivons à une heure «où toutes les parties actives, avec en tête l'Ugtt, s'emploient à faire sortir le pays de la crise politique, économique et sociale et œuvrent à réviser toutes les nominations basées sur l'allégeance partisane», tonne M.Ferjani qui reste bouche bée à l'idée de voir certains ministres ramer à contre-courant en enrôlant des intrus au parcours voilé. Compétences confirmées «L'office regorge de compétences et de hauts cadres, ingénieurs et techniciens. D'ailleurs, un grand nombre d'experts internationaux qui travaillent aujourd'hui dans les plus prestigieuses organisations internationales spécialisées dans l'aviation civile sont le pur produit de cet office. Contrairement à la nomination de M.Hamza Hamza, qui cadre parfaitement avec l'allégeance partisane et idéologique et qui est dépourvue de tout principe d‘expérience et de compétence, particulièrement dans le domaine de la gestion des aéroports», assène M.Ferjani. C'est pourquoi, clame-t-il haut et fort, que «l'office n'a pas besoin aujourd'hui de personnes étrangères, surtout que leurs nominations ont été faites sur instructions et à partir d'un abus de pouvoir. Devant de telles pratiques illégales, les syndicats de base des agents de l'Office de l'aviation civile et des aéroports contestent fermement de tels comportements et actes et font part de leur détermination à faire face à ces dépassements en cette conjoncture délicate que traverse le pays», note d'un ton ferme le secrétaire général de la Fédération du transport au sein de l'Ugtt. Il est à noter que trois postes de direction sont vacants à l'Oaca, dont celui de secrétaire général. Les employés craignent que la personne nommée soit en vue pour pourvoir à l'une de ces responsabilités. Il est, également, à relever que la cote du militant nahdhaoui a été érodée à cause d'une intervention verbale «musclée» lors du sit-in du Bardo (1er août 2013). Il avait à l'époque menacé d'enterrer les sit-inneurs qui « cherchent à éteindre la flamme de la révolution». Il n'empêche, le syndicat ne compte pas baisser les bras. «Nous aurons recours à tous les moyens juridiques et légitimes, y compris la grève, pour défendre notre entreprise et la préserver de la marginalisation, car l'Oaca est l'un des piliers de l'économie nationale», conclut M.Ferjani.