Taher Ben Hassine, le patron d'El Hiwar Ettounsi, relâché hier soir après une détention provisoire de quelques heures Des convocations ont été également adressées aux journalistes Zied El Héni et Zouhair El Jiss Les procès contre les journalistes, et pas des moindres, se multiplient en ces temps de crise politique et de transition démocratique. Des figures de la presse audiovisuelle et de la presse écrite et même des patrons de chaîne tel Tahar Ben Hassine, directeur de la chaîne privée Al Hiwar Ettounsi, font l'objet de poursuites judiciaires. Pour sa part Zied El Heni, comparaîtra, le vendredi 13 septembre, en tant qu'accusé devant le juge d'instruction du 10e bureau du Tribunal de première instance de Tunis. «Ce qui est illégal, nous a déclaré Zied El Heni, puisque la convocation qui m'est parvenue de la sûreté nationale ne mentionne pas le chef d'accusation afin que je puisse préparer ma défense avant de comparaître devant le juge d'instruction. Pis, je suis convoqué en tant qu'accusé alors que je n'ai pas encore été entendu par le juge d'instruction. Car la loi est claire : il y a toujours présomption d'innocence. Il s'agit, donc, d'un vice de procédure manifeste». De son côté, Tahar Ben Hassine a été mis, hier matin, en détention provisoire par la brigade criminelle de Gorjani. Puis, il a été relâché le soir même par le juge d'instruction et comparaîtra demain mercredi 11 septembre en état de liberté devant le Tribunal de première instance de Tunis pour répondre de sept chefs d'inculpation dont l'appel à la désobéissance civile et haute trahison de l'Etat. Zouhair El Jiss, journaliste de la chaîne de radio privée Express-FM, a également reçu une convocation du juge d'instruction du 14e bureau du Tribunal de première instance de Tunis pour comparaître en tant qu'accusé le vendredi 13 septembre. La convocation ne mentionne pas non plus les chefs d'inculpation imputés au journaliste. Avalanche d'accusations et de procès contre les journalistes Pourquoi tous ces procès en justice et ces accusations judiciaires contre les journalistes ? Zied El Heni n'y va pas de mainmorte : «Il est clair qu'il s'agit d'un maillon d'une chaîne dont le but est de resserrer l'étau contre les voix fortes et les figures importantes du paysage médiatique afin de les faire taire et de les terroriser, mais rien ne nous fera reculer, la lutte pour la défense de l'indépendance des journalistes et de la liberté d'information et d'expression continuera de plus belle. Le fait que le pouvoir en place possède la clé de la prison ne nous fait pas peur. Bien au contraire». Les poursuites judiciaires contre Taher Ben Hassine notamment pour haute trahison de l'Etat mais aussi pour appel à la désobéissance civile touchent également à la liberté d'expression. Le patron d'Al Hiwar Ettounsi, étant connu pour ses critiques acérées à l'encontre de la Troïka au pouvoir, notamment Ennahdha, il ne l'est pas moins à l'encontre du président provisoire de la République, Moncef Marzouki. Par ailleurs, l'entrée hier de notre collègue Soufiane Ben Farhat dans une grève de la faim sauvage, après son 6e jour de grève de la faim, et cela pour l'arrêt de son contrat avec la radio privée Shems-FM, reflète pour beaucoup une volonté de faire taire les voix critiques qui comptent et dérangent dans le paysage médiatique, d'étrangler la liberté de presse et d'expression et de contrôler les médias à la veille des prochaines élections.