Depuis hier, le colonel-major Sami Sik-Salem est monsieur Sécurité nationale au Palais de Carthage... La présidence de la République vient de se doter d'un nouveau poste éminent : celui de premier conseiller chargé des affaires de sécurité. Le poste a échu au colonel-major Sami Sik-Salem, jusque-là conseiller auprès du président de la République chargé de la direction générale de la sécurité présidentielle et des personnalités officielles. Ce dernier est remplacé dans son ancienne fonction par Taoufik Guesmi, jusque-là commissaire général de police. Rappelons que le colonel-major Sami Sik-Salem a joué un rôle important dans les événements du 14 janvier. Il est admis qu'il a apporté son aide au processus de passage du pouvoir de Ben Ali à son Premier ministre, Mohamed Ghannouchi. La question est cependant posée de savoir si le poste créé correspond réellement à un besoin au sein de la présidence de la République et, d'une façon plus générale, au sein du système sécuritaire du pays. Pour Chaker Bouajila, conseiller en matière d'information auprès de la présidence, le poste se justifie en raison du fait que le président de la République est actuellement le chef du Conseil supérieur des armées. Et, pour lui, cette instance est celle à l'intérieur de laquelle les grandes décisions en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme ont été prises... Dès lors, ajoute-t-il, il est normal que le président dispose d'un conseiller spécial qui corresponde à son rôle. Encore faut-il que la présidence de la République ait accès à tous les renseignements disséminés entre les différentes administrations concernées : le ministère de la Défense, le ministère de l'Intérieur, la Douane... Pour M. Rafik Chelly, ancien directeur de la sécurité sous Bourguiba et au début du règne de Ben Ali, la promotion de Sami Sik-Salem est justifiée en considérant son grade et ses précédentes fonctions. Mais, poursuit-il, aura-t-il le droit et l'autorité pour obtenir des différentes structures engagées dans le dossier sécurit@aire qu'elles coopèrent ? Si ce n'est pas le cas, le risque est que ce poste ne corresponde pas à une réelle utilité... Quant au Conseil supérieur de l'armée, que préside l'hôte du Palais de Carthage, ses réunions sont peu fréquentes, indique l'ancien responsable. Bref, cette création de poste aurait tout son sens si, dans le prolongement de cette décision présidentielle, se mettait en place un mécanisme de coopération et d'échange effectif d'information, par-delà la muraille que les différentes structures érigent souvent les unes devant les autres...