• Création d'un fonds commun pour le financement des projets innovants (In'tech) La mise à niveau de l'industrie tunisienne et l'augmentation de son taux d'encadrement jusqu'à 20% lui ont permis de franchir des pas non négligeables sur le plan concurrentiel, voire compétitif. L'évolution que connaît le secteur industriel est appuyée par une plateforme complète et équilibrée, basée sur une infrastructure appropriée comptant des pépinières d'entreprises, des centres d'affaires, mais aussi des mécanismes d'appui et de financement fort encourageants. Certes, mais aujourd'hui, et après la crise économique de 2008-2009, l'industrie tunisienne se trouve confrontée à de nouveaux défis qu'elle doit relever pour reprendre du bon pied et poursuivre un rythme de croissance que l'on veut ininterrompu. Aussi, le Programme Présidentiel a-t-il consacré deux points (10 et 11) qui visent de reprendre le niveau de développement et promouvoir sa croissance et d'orienter le secteur vers des contenus basés sur une technologie de qualité ; une technologie respectant l'environnement et la maîtrise de l'énergie. Conscient des enjeux futurs et du lien étroit, presque fusionnel qui lie l'industrie à l'innovation technologique, le ministère de l'Industrie et s'est vu chargé du domaine technologique pour devenir le ministère de l'Industrie et de la Technologie. Il n'est pas, en effet, à en douter que l'innovation technologique se définit comme étant un pilier incontournable du développement économique en général et industriel en particulier. Il constitue même le centre de gravité de la dynamique du secteur, puisqu'il contribue à une production au diapason des critères internationaux et favorise la diversification des produits désormais sollicités. Pour cela, il est indispensable de s'appliquer à la promotion des secteurs jugés prometteurs et à forte valeur ajoutée, tels que la microélectronique, la biotechnologie, les technologies de l'information et de la communication, l'électronique, le plastique technique, le domaine de l'automobile et les pièces de rechange des avions, etc. L'objectif étant de hisser la part de ces créneaux sur le plan des exportations de 25% en 2007 à 50% à l'horizon 2016; un objectif de taille qui ne peut être atteint sans une restructuration totale du système institutionnel de tutelle et une stratégie nouvelle. En effet, suite au rattachement du domaine des technologies au ministère de l'Industrie et de la Technologie, une administration nouvelle a vu le jour. Il s'agit de l'administration générale de l'innovation et du développement technologique. Ce nouveau-né du ministère sera désormais chargé de la mise en place, de l'application et du suivi des programmes de promotion de l'innovation technologique dans le secteur industriel. Il contribuera à l'élaboration des programmes de formation en matière de gestion de l'innovation, ainsi qu'à l'élaboration des études portant sur le développement et le transfert technologiques. Outre le suivi des programmes de recherches appliquées dans le domaine industriel, ladite administration sera chargée de la révision des dossiers sollicitant des subventions d'investissement dans le domaine des recherches développementales. Il est, par ailleurs, à noter que l'administration générale de l'infrastructure industrielle a été restructurée pour inclure le volet technologique. Financement : priorité aux projets innovants La symbiose de l'industriel et de la technologie de pointe implique la création de nouveaux mécanismes de financement mettant à la disposition des entrepreneurs les moyens nécessaires au développement de leur activité. C'est pourquoi il a été procédé à l'instauration d'un fonds destiné exclusivement au financement des projets innovants. Il s'agit du fonds (Fcpr-In'tech). Ce fonds — dont le budget est de l'ordre de 50 MD — intervient pour le financement des projets relevant des créneaux porteurs et ceux, visant le développement et l'innovation technologiques aussi bien dans les domaines technique, commercial ou de distribution. La possibilité du financement est également valable pour les projets d'extension et de modernisation des PME inscrites au programme de mise à niveau (PMN). Il est important de noter que pour bénéficier d'un financement, il est impératif que le coût du projet varie entre 100 mille et cinq millions de dinars. Le fonds In'tech se charge alors de l'autofinancement qui peut atteindre jusqu'à 70% du taux d'investissement. Récemment mis en place, le fonds In'tech a déjà retenu quatre projets à financer. Par ailleurs, les mécanismes de promotion de l'innovation et des recherches appliquées ont été révisés et modifiés en fonction des nouveaux besoins du secteur, dans l'optique de renforcer la complémentarité entre les différents mécanismes existants. Ainsi, la subvention d'investissement dans les domaines des recherches développementales (Pird) contribue à l'élaboration des études indispensables au développement des produits ou de nouveaux prototypes, tant sur le plan expérimental que celui effectif. Aussi, garantit-elle 50% du coût des études avec un plafond de 25 mille dinars. Pour ce qui est des prototypes, elle finance 50% du coût global avec un plafond de 100.000 dinars. Elle facilite, en outre, l'acquisition des équipements des laboratoires de recherche. «Actuellement, 20 projets sont retenus par la Pird car jugés comme innovants. Parmi ces projets, on note, à titre indicatif, celui proposé par un jeune Tunisien et dont l'idée consiste à créer un système électrique destiné à l'éclairage public et qui permet de réduire la consommation de 40%. Autre projet qui sera financé par la Pird : il s'agit de la création d'un nouveau système d'hémodialyse dont l'efficacité est de loin plus confirmée que celle jusque-là utilisée. D'ailleurs, il vient de décrocher le 4e prix international de l'innovation. L'un et l'autre projets sont des brevets tunisiens», souligne M. Ahmed Dhouib, directeur général de l'innovation et du développement technologique auprès du ministère de l'Industrie et de la Technologie. Autre mécanisme efficient : le Programme national pour la promotion de l'innovation technologique (Pnri) continue de booster l'investissement dans le domaine technologique. Usant de ce moyen, le ministère de l'Industrie et de la Technologie finance 80% du coût des projets de recherche et d'innovation technologique relevant d'un centre technique sectoriel. Ledit centre doit absolument faire partie d'une équipe tripartite comptant également l'entreprise en question et une institution étatique de recherche. La contribution du ministère est plafonnée à 200 mille dinars. L'entreprise en question ne se chargera ainsi que de 20% du coût du projet. «Il est prévu, en outre, que la panoplie des mécanismes d'appui et de financement soit enrichie par un nouvel outil: les Business Angels sont des donateurs dont le rôle consiste à aider les jeunes promoteurs à monter leurs projets», indique M. Dhouib. Les progrès qu'a connus le secteur de l'industrie sont certains. L'incitation et l'encouragement des jeunes cadres et investisseurs à l'initiative privée ont bien porté leurs fruits. «C'est déjà un pari de gagné. Le deuxième défi qu'il nous convient de relever, désormais, consiste à sensibiliser les jeunes compétences sur les projets innovants. La multiplication des projets à aspect répétitif ne peut anticiper sur la nature des besoins du marché et répondre ainsi à une demande qui mute à un rythme impressionnant», conclut le responsable.