Une chose est sûre : Krol s'est donné les moyens de son ambition Avec l'ex-sélectionneur, difficile de connaître d'avance la liste. Le patron, c'est lui et il ne permettait aucune fuite. A moins que ce ne soit lui-même qui ne le consente à quelques journalistes-amis pour services rendus et à rendre. Il fallait alors attendre l'incontournable conférence de presse où il justifiait parfois l'injustifiable. Avec Krol, la liste était déjà la veille sur les réseaux sociaux, l'entourage du sélectionneur et quelques personnages, hier réduits au silence et à l'impuissance, ayant repris du poil de la bête. On savait ainsi que Chikhaoui allait être de nouveau là, que Ben Yahia, en dépit de son inactivité, sera dans la liste pour qu'on ne crie pas pour la énième fois au scandale, que Chamseddine Dhaouadi allait enfin avoir sa chance, que Alaeddine Yahia allait devoir boucher le trou Haggui-Abdennour et qu'Amine Chermiti allait effectuer son grand retour en sélection. Nous savions également que l'avant-centre tunisien le plus en forme et le plus prolifique du moment, Hamdi Harbaoui, allait être barré par ces messieurs de la fédération, qui n'avaient pas aimé, alors pas du tout, qu'on dise certaines vérités sur certains comportements et pratiques en équipe nationale. Ceux des barons, pour qui celle-ci c'est le Club Med où on boit et on s'amuse jusqu'à l'aube. L'ombre de Harbaoui Quelle hérésie que de se priver à Radès, dans un match où nous devons aller de l'avant et marquer, d'un élément comme Harbaoui qui casse la baraque à chaque rencontre dans son club de Lokeren en Belgique. Ruud Krol a consenti là son premier compromis pour une fédération et un directeur technique incapables de justifier cette non-convocation, sinon pour des raisons qui ne concernent qu'eux-mêmes et leur petit ego. Qu'ils n'ont pas quand les échecs pleuvent. Et, à notre humble avis, l'ex-latéral volant hollandais n'a pas fait que cette concession quand on voit sur cette liste quelques éléments qui n'ont plus rien à faire dans le groupe pour avoir maintes fois prouvé leurs limites. Avec toutefois un signal clair : tout le monde sera soumis à la concurrence. Il faut dire qu'il y avait deux thèses qui s'opposaient au départ : faire table rase du passé ou alors tenir compte des équilibres en maintenant quelques éléments. C'est ce qu'a fait Krol, en y ajoutant tout de même une touche personnelle avec l'aide de ses collaborateurs. Rami Jéridi, Alaya Brigui, Yaâkoubi, Syam Ben Youssef, Yassine Chikhaoui, Ahmed Harrane et Maher Hannachi, contre le maintien de Derbali, Chemmam, Mouelhi, Ragued et même Issam Jomaâ, qui ne fait plus l'unanimité auprès de l'opinion publique. Pas tant par ses qualités de buteur que par sa nonchalance et ses... frasques que personne n'ignore. Surtout pas le cadre technique et administratif. Quel axe central ? En revanche, unanimité autour de l'éviction de Darragi et Msakni, qui vivent de la nostalgie d'exploits datant de plus de deux saisons et qui sont aujourd'hui contestés dans leurs clubs, la sélection et surtout l'opinion publique. Un gâchis monstre que ces deux joueurs qui ont gaspillé leur talent et à qui la gloire et l'argent sont montés à la tête. On a presque l'impression que leur carrière est derrière eux (26 ans Darragi, 23 Youssef Msakni)! Pour en revenir à la liste et hormis l'omission Harbaoui, il y a là de quoi faire un bon onze et un banc prêt à tous les scénarios qui peuvent se présenter à notre équipe nationale face au Cameroun. En d'autres termes, Krol se donne les chances que Maâloul a refusé de se donner avec les résultats qu'on sait. Le problème à résoudre pour Krol, ce sera la défense, surtout au niveau de son axe central. Pas tant pour la qualité des joueurs convoqués mais surtout par souci de complémentarité. Abdennour-Haggui, c'était le couple infernal, les deux ne pouvant évoluer ensemble sans risques. Là, il faudra choisir entre Alaeddine Yahia, Yaâkoubi et Dhaouadi. Le Hollandais devrait probablement opter pour le premier et le troisième. A l'entrejeu, Krol devrait trancher avec son prédécesseur, même si l'on s'étonne que Ragued et Mouelhi soient là, ensemble. Mais à n'en pas douter, c'est à ce niveau que tout se passera pour cette équipe nationale et que le Hollandais aura à faire les choix les plus difficiles. Car, en attaque, les cartes sont en règle, même si on est curieux de savoir qui sera dans l'axe, qui à droite, qui à gauche et avec quels mouvements. Un onze et une équipe à découvrir, tout comme notre adversaire qui aura les mêmes soucis et les mêmes atouts. Avec l'espoir que l'histoire inversera cette fois-ci son cours.