L'économie tunisienne pourrait réduire de manière considérable son déficit en matière énergétique, voire disposer d'un excédent significatif de gaz et de pétrole. Reste à évaluer l'impact environnemental de l'exploitation du gaz de schiste Au moment où l'expert du cabinet britannique « Oxford Economics » présentait l'étude de l'impact économique de l'exploration des schistes riches en liquides et du gaz de schiste en Tunisie, commandité par le pétrolier Shell, de jeunes Tunisiens manifestaient contre l'adoption de ces projets d'exploration et de forage, en face de l'hôtel qui abrite les travaux du sommet nord-africain de pétrole et de gaz. Ils pointaient du doigt la technique de la fracturation hydraulique pour l'extraction de ce gaz non conventionnel. D'ailleurs, cette technique est fortement critiquée dans plusieurs pays à cause de sa consommation excessive en eau et la pollution conséquente des eaux usées. L'arbitrage est ainsi délicat entre le passage du statut d'un pays importateur d'énergie à « exportateur net », comme l'estime M Sam Moore, l'expert d'« Oxford Economics », et le sacrifice des richesses naturelles, « capital des générations futures », comme le brandissaient les jeunes manifestants. L'étude du cabinet londonien affiche un scénario selon lequel la Tunisie pourrait passer au rang des pays exportateurs d'énergie pendant les années de pointe de la production. Ainsi, il s'agit d'un « impact transformateur », selon l'étude, au niveau de la balance énergétique du pays, mais aussi, continue l'expert, l'apport de l'exploitation de ces gisements est considérable en matière de PIB, d'emplois et de finances publiques. Une efficacité commerciale à prouver « La contribution annuelle moyenne aux finances du pays serait de 206 millions de dinars, soit l'équivalent de 1,2 % des recettes totales de l'Etat en 2011. L'économie tunisienne pourrait réduire de manière considérable son déficit en matière énergétique, voire disposer d'un excédent significatif de gaz et de pétrole durant les années de production de pointe du projet»,soutient-il encore. «Toutefois, la réalisation de ce scénario dépend de la réussite des licences et des projets d'exploration », relativise M Moore. Le mieux, continue-t-il, est d'avoir le maximum de projets réussis. S'attardant sur le potentiel de « shale gaz » en Tunisie, il précise que les études géologiques ont permis d'identifier plusieurs zones de ressources potentielles. « Aucune de ces zones de ressources n'a cependant encore été explorée de façon définitive et toutes nécessiteront le forage de puits d'exploration pour démontrer leur potentiel, suivi d'une phase d'essais cruciale avant de pouvoir passer au stade de l'évaluation complète et, éventuellement, de l'exploitation finale. », relève-t-il. A ce stade, aucune des zones de ressources tunisiennes n'offre de garantie de réussite commerciale. « Pour cette raison, l'étude est basée sur les perspectives dans deux régions de ressources potentielles : la région du centre-Est et la région du Sud. », ajoute-t-il. Par ailleurs, l'expert avoue que l'étude ne traite que le volet économique. S'appuyant sur le cas de la France, il met en exergue la formation d'un lobby autour du nucléaire qui a poussé contre l'adoption des projets de « shale gaz » sous plusieurs prétextes dont l'impact environnemental de la fracturation hydraulique des schistes. « Mais entre le nucléaire et le gaz de schiste, je laisse le choix aux Tunisiens. », conclut-il.