La constituante Karima Souid attire l'attention sur un problème d'articulation entre le rôle des commissions de la Constituante et celui des ateliers du Dialogue... Avec le commencement du Dialogue national qui a suivi l'envoi par Ali Laârayedh d'un document signé concernant la démission du gouvernement dans les délais prévus par la feuille de route du Quartet, les députés vont devoir reprendre leurs places au sein de l'Assemblée constituante. D'ores et déjà, ceux qu'on appelle «retirés» ou «dissidents»se sont engagés hier à le faire... En réalité, l'essentiel du travail va se dérouler au sein des trois ateliers chargés respectivement de la Constitution, de la loi électorale et de la mise en place du nouveau gouvernement. Dans ces ateliers seront à l'œuvre les représentants des différents partis partenaires du dialogue et, au fur et à mesure que les accords seront réalisés, des consignes seront transmises aux constituants pour les entériner par le vote... Telle est la nouvelle machine censée assurer l'application des objectifs ambitieux de la feuille de route. Rappelons que des experts seront présents dans chacun des trois ateliers pour apporter conseil, comme le rappelle la constituante Karima Souid, sous la bannière d'Al Massar depuis mars dernier, et qui a assuré la tâche de chargée de la communication auprès de l'ANC jusqu'à son retrait en juillet dernier. Au vu de l'importance de la tâche impartie aux ateliers, on peut craindre que les délais ne soient pas respectés et que, s'ils ne l'étaient pas, on retomberait dans une logique de travail que n'encadre aucun calendrier. C'est tout le sens de la feuille de route qui serait menacé. Les plus grosses difficultés se situent au niveau des prérogatives du président de la République. L'atelier chargé du processus constitutionnel, qui aura à trancher les points conflictuels au niveau du projet de Constitution, devra éviter l'enlisement sur une question dont la même députée rappelle qu'elle peut remettre en question la nature du régime politique. Les autres points critiques auxquels il s'agira de faire attention sont la loi électorale et, bien sûr, la formation du futur gouvernement. Il s'agira aussi de revoir l'organisation provisoire des pouvoirs publics ainsi que le règlement intérieur de l'Assemblée. Ce qui peut, là aussi, provoquer des frictions. On n'oubliera pas non plus la composition de l'Isie, surtout après que le Tribunal administratif eut complètement bouleversé les travaux de la commission de tri... Karima Souid attire à ce propos l'attention sur un problème «d'articulation» entre ces commissions et les ateliers mis en place : ateliers qui, quant à eux, relèvent du Dialogue national. Le problème se pose en ce qui concerne la commission de tri et l'atelier en charge du processus électoral. Mais il se pose encore plus en ce qui concerne la relation entre la Commission des compromis au sein de la Constituante et l'atelier du processus constitutionnel : «Nous ne nous sommes pas rendus aujourd'hui (hier) à l'ANC à cause du blocage qui prévalait jusqu'à hier au sujet de la position du Chef du gouvernement. Mais nos représentants au Dialogue national avaient pour mission de poser la question de l'utilité de la Commission des compromis sachant que, du point de vue de cette commission, la représentativité est déséquilibrée...»... En effet, et comme les autres commissions d'ailleurs, elle reflète l'équilibre des forces qui existe au sein de l'Assemblée constituante, avec une domination du parti Ennahdha. Quoi qu'il en soit, il faudra se rendre attentif à la façon dont les uns et les autres respectent effectivement le calendrier de la feuille de route... Les parrains du Dialogue national se sont engagés à dénoncer à l'opinion publique tous ceux qui se rendraient coupables d'une entrave qui modifierait le calendrier prévu.