Ils ne retourneront qu'avec la reprise du Dialogue national et l'annulation des amendements des articles 36 et 79 Les constituants de l'opposition qui ont suspendu leurs activités à l'Assemblée nationale constituante, à la suite des amendements du règlement intérieur, n'assisteront pas à la réunion de la commission du règlement intérieur prévue ce matin à 9h au Palais du Bardo. «Nous n'assisterons pas, affirme Karima Souid, constituante d'Al Massar et membre du bureau de l'ANC, parce que nous refusons de cautionner les tentatives de replâtrage consistant à réviser les amendements des articles 36 et 79 du règlement intérieur, car ce n'est que de la poudre aux yeux. Ce que nous réclamons fermement, c'est l'annulation pure et simple de ces amendements, à l'exception de l'article 106 conforme à la feuille de route». Les constituants de l'opposition et d'Ettakatol qui évoquent, suite à ces amendements, «un putsch parlementaire» ont par ailleurs rencontré le Quartet. «La délégation de l'opposition a tenu à l'informer de la gravité et du danger de ces amendements sur la démocratie et de leur décision de ne réintégrer l'ANC qu'après l'annulation pure et simple des amendements des articles 36 et 79. Houcine Abbassi, S.G. de l'Ugtt et parrain du Dialogue national, a reconnu que le dialogue ne peut reprendre alors que le processus constitutionnel connaît un blocage», affirme Karima Souid. Rappelons que les constituants de l'opposition, de retour à l'ANC après trois mois de retrait, ont émis le souhait d'amender le règlement intérieur (RI) afin de permettre l'application de la feuille de route, mais les députés «légitimistes» ont sauté sur l'occasion pour imposer d'autres amendements. Karima Souid explique : «L'article 36 relatif au bureau de l'ANC, organe décisionnel au sein de l'ANC, ne pouvait se réunir auparavant qu'avec un quorum de 6 membres, or il peut se réunir, après l'amendement, avec 5 membres et peut prendre des décisions avec trois membres seulement, et vu la configuration et la représentativité politique au bureau, les trois membres appartiennent fatalement au parti Ennahdha. Ce qui déleste le président de l'ANC ainsi que les autres membres du bureau de leurs prérogatives. L'article 79 de son côté donne désormais le pouvoir à la majorité absolue des députés (109) de décider de la tenue d'une plénière et de son ordre du jour sans passer par le bureau de l'Assemblée. Or, le rôle de ce dernier ne se limite pas uniquement à préparer un calendrier mais à prendre des décisions importantes sans passer par la plénière. Les députés d'Ennahdha peuvent donc donner la priorité aux projets de loi selon leurs intérêts partisans et recommandations de leur parti. Mahmoud Baroudi, député de l'Alliance démocratique, martèle ses mots : «Il s'agit d'un coup d'Etat contre la démocratie. Nous avons donc suspendu nos activité à l'ANC en attendant l'annulation de ces amendements et la reprise du Dialogue national. Nous ne retournerons à l'ANC que sous ces deux conditions. Cette opération des députés d'Ennahdha et de leurs acolytes est anticonstitutionnelle. Bref, ce que la morale interdit, ils l'ont prescrit». Karima Souid tient à rappeler à tous ceux qui, tel Tarek Kahlaoui du CPR, prétendent que les amendements sanctionnent uniquement l'absentéisme, «je réponds, c'est faux et mensonger, car l'article 126 existait déjà dans le règlement intérieur». Et de conclure : «Ainsi au moment où à travers le Dialogue national, on tente de trouver une issue, ce qui s'est passé dans le processus constitutionnel et dans le processus gouvernemental révèle la mentalité des partis qui veulent instaurer une dictature. Mais nous ne nous laisserons pas faire et nous réitérons notre volonté de nous conformer à la feuille de route du Quartet dont la majorité des partis politiques ont été signataires. Notre objectif étant de trouver une solution à la crise institutionnelle, politique, économique et sociale qui mine le pays». Les députés «légitimistes» arriveront-ils à dépasser leur désir de revanche et d'accaparement du pouvoir pour ne prendre en ligne de compte que l'intérêt du pays et des Tunisiens, loin de tout esprit partisan ? Les jours à venir nous le diront.