« Il demeure, aujourd'hui, évident que le pays a besoin, plus que jamais, d'un nouveau modèle de développement ambitieux, juste, démocratique et participatif» En présence du secrétaire général du parti, M. Taieb Baccouche, ainsi que de son bureau politique, M. Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès, a donné, hier matin à Tunis, une conférence de presse afin de faire la lumière sur les grandes lignes du programme économique et social de son parti. Un programme dont l'élaboration, qui a duré 15 mois — soit depuis la création du mouvement — aurait mobilisé pas moins de 200 experts tunisiens dans le domaine. A l'ouverture de cette conférence, M. Caïd Essebsi a commencé par faire le point de la situation. Pour lui, la Tunisie est en train de sombrer dans la crise. « Une crise multidimensionnelle, d'ordre politique, socioéconomique et sécuritaire»: A l'image, dit-il, d'un homme malade dont l'âme menace de le quitter à tout instant, ou d'un navire sans capitaine que les vents contraires des conflits partisans conduisent droit vers l'inconnu. M. Essebsi a imputé la responsabilité de l'impasse actuelle à ceux qui détiennent les rênes du pouvoir. Ils se doivent, selon lui, d'assumer leurs actes devant le peuple. En toute tranquillité, le leader de Nida Tounès a tiré à boulets rouges sur la Troïka, l'accusant d'être à l'origine de la suspension du Dialogue national. Il lui a adressé un message clair : si le gouvernement actuel ne se montre pas disposé à trouver une issue à la crise, il y aura certainement d'autres manières de le faire. En fait, les solutions à apporter relèvent de la responsabilité de toute la classe politique. « Certains disent que l'échec du dialogue incombe à tous les partis, toutes sensibilités confondues. Cela est faux, car l'entière responsabilité revient à la Troïka. Les autres n'ont plus rien. Ni chameau ni chamelle, comme dit le proverbe arabe », a-t-il fait valoir. Et d'arguer que la révolution populaire a été provoquée par les conditions de vie précaires des concitoyens. L'étincelle du soulèvement, a-t-il rappelé, est partie de la Tunisie profonde, dont les régions ont souffert de la marginalisation. « Alors que ceux qui gouvernent actuellement n'ont pas tenu compte de ces revendications de la révolution. La crise d'aujourd'hui est due à cette attitude de la sourde oreille», a-t-il affirmé. « Nous, pour notre part, a-t-il poursuivi, nous avons fait le choix des solutions. C'est pourquoi nous avons salué l'initiative du Quartet, parrain du dialogue, et ce malgré les réserves que nous avons eues... Car nous sommes conscients qu'il n'y a pas d'autre alternative que le consensus». Caïd Essebsi a rappelé aussi que Nida Tounès est un parti qui n'a présenté aucun candidat pour le poste de chef de gouvernement des compétences nationales. Ce qui ne signifie pas que le parti n'aurait pas à soutenir le choix du meilleur profil pour le futur chef de gouvernement. « Un candidat qui doit vraiment disposer d'un programme efficace susceptible de nous sortir de l'impasse», a-t-il précisé. Revenant au programme économique et social du parti, Béji Caied Essebsi a fait valoir que la stratégie d'étude et de conception s'est focalisée sur un travail d'évaluation rétrospectif, en tenant compte des acquis de l'indépendance, à savoir la généralisation de l'éducation gratuite et obligatoire, l'émancipation de la femme, le pilier économique, et l'existence d'une large classe moyenne. « Tels sont les acquis de Bourguiba dont nous sommes aujourd'hui très fiers», a-t-il dit. D'après lui, il s'agit là de la plateforme idoine pour une démocratie naissante. « Notre programme s'inscrit dans cette démarche. Il est en mesure de répondre à tous les besoins afin de faire aboutir le processus démocratique», a-t-il promis. Pour plus de détails, Mahmoud Ben Romdhane et Slim Chaker, coordinateurs dudit programme, ont exposé à l'assistance tout un plan global, prospectif et transversal, visant à instaurer un projet sociétal d'avenir pour la Tunisie. « Il demeure, aujourd'hui, évident que le pays a besoin, plus que jamais, d'un nouveau modèle de développement ambitieux, juste, démocratique et participatif», a déclaré Ben Romdhane. L'orateur a fait le pronostic que, dans 20 ans, le pouvoir d'achat des Tunisiens attendrait celui des pays avancés. « Dans les cinq années à venir, nous sommes capables de ramener le taux du chômage à 11%, et jusqu'à 6% d'ici une décennie». Son collègue Chaker a décortiqué le programme en dix points, où l'on relève un intérêt accordé à l'éducation et à l'enseignement, à la jeunesse, à l'emploi, au social, à l'infrastructure de base et à l'investissement dans l'industrie et les services pour booster la machine économique. Reste à savoir s'il s'agit là d'un programme pragmatique, réaliste ou seulement un exercice de rhétorique à des fins électoralistes...