Pour clore sa saison artistique, la galerie Kalysté a choisi de faire son «Salon du dessin», une exposition collective qui réunit des œuvres de M. Ben Meftah, H. Dniden, H. Mekki, A. Bellagha, A. Megdiche, F. Ben Zakkour, V. Sarfati, L.Allagui, K. Jellazi et de F. Rouissi. Une manière de donner l'occasion aux amateurs d'art d'apprécier le dessin à sa juste valeur, cet art considéré comme l'un des premiers moyens d'expression de l'humanité, souvent absent ou relégué au second plan dans nos expositions, au profit de la peinture. C'est donc un autre regard, d'autres techniques, d'autres sensibilités, mais aussi d'autres prix qui nous sont présentés dans ce salon. Nous trouvons alors, sur les cimaises de Kalysté, le dessin dans toutes ses formes et dans tous ses «états». Sur papier ou sur toile, la ligne, précise ou vibratile, se déploie, s'épanouit et s'exalte pour décrire un personnage, esquisser un portrait, révéler un mouvement ou raconter un univers particulier. Crayon mine de plomb, feutres, fusain, encre de chine travaillé en plume ou en lavis hachures, contours, ou estompage… chacun des artistes a su exploiter au mieux sa technique de prédilection pour exprimer son sujet dans des compositions figuratives, semi-figuratives ou abstraites, avec une économie de moyens si caractéristique du dessin. Des danses de Mekki et des compositions si caractéristiques de Ben Meftah aux femmes rondes de Dniden en passant par les silhouettes féminines de Rouissi, les personnages de Sarfati et de Megdiche ainsi que toutes les autres œuvres, c'est toute la diversité du dessin qui est explorée et qui atteste par là-même de la diversité des sensibilités des artistes. Car si le dessin purement académique se trouve présent, la part du lion dans cette exposition de groupe reste réservée aux dessins qui révèlent la propre interprétation de chaque dessinateur et expriment davantage son esthétique propre et son cachet personnel. Nous pouvons ainsi apprécier des œuvres d'une grande qualité graphique et aux impacts expressifs aussi variés et différents que leurs créateurs. Par ailleurs, il est admis que le dessin est, par essence, monochrome, mais la couleur n'est pas pour autant absente dans les œuvres présentées. Certains ont intégré l'aquarelle et le lavis à la sépia. Cela sans parler des dessins hautement colorés de Mohamed Ben Meftah, qui a délaissé cette fois les plaques de cuivre et la pointe sèche, au profit des feutres. Justement, cette exposition nous dévoile d'autres facettes de ces plasticiens et nous permet de comparer entre leur côté peinture — ou gravure — et leur côté dessin, dont la pratique et la maîtrise restent un passage quasiment obligatoire pour chaque peintre, comme avait dit Pourbus, un peintre du XVIIe siècle : «Le dessin donne le squelette, la couleur est la vie, mais la vie sans squelette est une chose plus incomplète que le squelette sans la vie».