«Voyage à travers la mémoire», tel est le titre d'une exposition rétrospective du grand artiste-peintre Hédi Turki dont le vernissage a été présidé, hier soir, à la galerie Nour, du complexe culturel Bab El Bouhaïra, par M. Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, en présence de l'artiste et de nombreux amateurs de peinture. Cette exposition, qui se poursuit jusqu'au 7 juin, comporte une centaine de dessins au feutre, lavis, gouache, réalisés entre 1965 et 2005, ainsi que des peintures à l'huile (10 faisant partie de la collection de l'Etat tunisien) et 8 (collection privée) réalisées entre 1970 et 2005. A cette occasion, un portfolio des œuvres de l'artiste est disponible en plus de la nouvelle édition du livre d'art écrit par Zoubeïr Lasram sur la vie et l'œuvre de cet artiste. Hédi Turki, un des principaux représentants de l'abstraction, est né à Tunis en 1922. Son style abstrait tend à un symbolisme particulier marqué par un sentiment profondément tunisien et quasi religieux et sans pour cela abandonner la pratique d'un dessin figuratif comme chez son frère Zoubeïr Turki ou Ammar Farhat, a souligné pertinemment René Huyghe dans son ouvrage intitulé L'Art et le monde moderne. Au début, Hédi Turki qui a étudié la peinture en Europe et aux Etats-Unis était influencé par l'Américain Jackson Pollock (1912-1956): peinture en jaillissements, coulées, éclaboussures, exprimant un déchaînement véhément des sentiments. Mais, assez vite, Hédi Turki est séduit par un autre Américain: Mark Rothko, avec des compositions sereines, structures en trames, etc. Cependant, Hédi Turki est resté attaché à ses racines tunisiennes. Ses œuvres expriment son environnement socioculturel avec beaucoup d'authenticité et de spécificité. Pour de nombreux critiques d'art, il est l'un des plus grands peintres tunisiens et arabes contemporains.