Le football appartient-il encore aux footballeurs? Il y a toutes les raisons pour... ne pas le croire... Football-affaires : trop c'est trop! La Tunisie n'est pas loin d'être la république des avocats. Son sport n'est, en tout cas, pas très loin d'être celui du barreau. Nous n'avons rien contre le fait que ceux-ci fassent de la politique ou alors contribuent à la construction de la Tunisie postrévolutionnaire. Certains le font bien, d'autres plutôt mal, mais une chose est sûre : leur apparition au premier plan fait grand bien à leur commerce. Ce qui nous gêne par contre, c'est leur mainmise sur le sport et le football, en général, qui a «défiguré» le paysage footballistique, mais également médiatique spécialisé. Sur les plateaux de télé, aux radios et dans les journaux, il n'y en a plus que pour eux et, désormais, on parle plus d'affaires et d'articles de lois dans nos émissions sportives que de technique et de tactique. Censé se jouer sur les terrains, notre football s'est déplacé aux bureaux de la Ligue, de la FTF, du Cnas et même aux tribunaux avec les avocats qui se renvoient la balle dans leurs habits de dirigeants de clubs, de membres de la Ligue, de la FTF et du Cnas, pour finir parfois dans les tribunaux. Les observateurs sportifs n'y voient plus que du feu et se retrouvent contraints de suivre le mouvement. En faisant les lois et les règlements, en les maîtrisant et en les manipulant à leur guise, ces hommes de loi investissent en masse les clubs et nos instances sportives. Ils sont partout, à la tête du Cnot, à la FTF, à la Ligue, au Cnas, consultants à la télé ou dans les radios à monnayer leurs connaissances juridiques au nom du sport et du football. Que penseraient nos chers avocats si, à leur tour, les journalistes sportifs ou les footballeurs investiraient leurs cabinets et les bureaux et qu'on n'y parlerait plus que de technique, de tactique, de recrutements et de transferts ? Ils n'apprécieront sûrement pas. En attendant, la Tunisie est, depuis quelque temps déjà, l'unique pays où le pouvoir législatif bénéficie également du pouvoir médiatique et sportif. Le résultat, tout le monde le connaît : notre sport a déserté les aires sportives pour les...tribunaux ! La Ligue : limites et contradictions Il ne fait pas bon d'être membre de la Ligue nationale de football ces derniers temps. Alors que la Fédération tunisienne de football se cache pour mieux assurer son trafic, la Ligue s'est retrouvée malgré elle en première ligne sur le front pour cause de foot des avocats dont on parle ci-dessus. De l'affaire JSK-Bizerte qui a «pourri» la saison et le play-off de l'exercice précédent, à celle de Bounjeh, Derbali et, aujourd'hui, celle qui oppose l'Etoile au Club Sfaxien. Du coup, elle se retrouve face à ses limites, ses contradictions et son impuissance, compte tenu d'une gestion passée laxiste et parfois partisane. Trancher pour l'Etoile ou alors pour le Club Sfaxien? Une situation surréaliste, fruit d'élections dictées par des considérations justement partisanes. La responsabilité à qui? Aux présidents des clubs évidemment, collège électoral d'une fédération qui n'en finit pas d'être coupable de dérives et d'une Ligue qui n'en finit pas d'afficher ses limites. On appelle ça le retour de manivelle ou l'effet boomerang. Bien fait pour vos g..., messieurs! Mercato : la voie de la sagesse? En Europe, pour contourner la crise de liquidités aiguë des clubs, pour faire face aux nouvelles exigences du fair-play financier si cher au président de l'Uefa, Michel Platini, on a opté pour une certaine sagesse intelligente et consensuelle afin de baisser le coût des recrutements. Même si les grosses écuries ne se priveront jamais du luxe et du plaisir de se payer une perle, à l'instar de Neymar, Bale, Cavani ou Falcao. Dans la réalité, cela s'est traduit par la copropriété des joueurs, ainsi que des prêts. La copropriété, comme son nom l'indique, permet de s'assurer les services du joueur pour la moitié du prix. Quant au prêt, il évite carrément de mettre le paquet pour recruter un joueur. Sur le plan sportif, cela permet également à un club de s'épargner le salaire d'un joueur qui n'est pas souvent titulaire et à ce dernier de bénéficier de plus de temps de jeu dans un autre club. Du côté de chez nous, la crise étant là dans notre football et la plupart de nos dirigeants ayant opté pour la sagesse, la plupart de nos clubs ont fait de bonnes affaires lors de ce dernier mercato. Les grands clubs pour dégraisser un effectif où le surplus et le superflu sont évidents, les petits pour se renforcer. Puisse cette sagesse se poursuivre dans le futur pour le bien de notre football et des caisses... vides de nos clubs.