Le consensus recherché par Mehdi Jomâa a buté sur le portefeuille de l'Intérieur Tractations, pressions, menaces et rebondissements ont caractérisé la journée d'hier. Une journée à la fin de laquelle le nouveau chef de gouvernement désigné devait annoncer solennellement la composition de son équipe. Les tractations d'abord, qui ont continué jusqu'en milieu de soirée entre Mehdi Jomâa et les différentes composantes du Dialogue national. Les pressions ensuite, qui viennent vraisemblablement du corps sécuritaire, expliquant ainsi l'attachement de Mehdi Jomâa à la personne de Lotfi Ben Jeddou. Les menaces enfin, celles qui émanent du Front populaire, avec un Mongi Rahoui qui agite le spectre d'un «non» à la nouvelle Constitution, au cas où certains ministres du gouvernement Ali Laârayedh seraient maintenus à leurs postes. Trop de pressions de partout ? En tout cas, le nouveau chef du gouvernement a eu du mal à endosser le costume de «chef» et à s'imposer. D'ailleurs, Mehdi Jomâa aurait menacé de rendre le tablier si on continuait à lui dicter ce qu'il doit faire. Il aurait même négocié, selon des sources bien informées, une acrobatie juridique qui lui aurait permis de disposer d'une quinzaine de jours supplémentaires pour sortir d'une crise qu'on ne voyait pas venir. Selon les mêmes sources, un compromis aurait pu être trouvé concernant le grand litige relatif au maintien de Lotfi Ben Jeddou dans le gouvernement de compétences indépendantes, en tant que ministre de l'Intérieur. C'est ainsi qu'il aurait été proposé de lui «accoler» Ridha Sfar en qualité de ministre ou de secrétaire d'Etat chargé de la Sécurité. En tout cas, aujourd'hui à 00h15, Mehdi Jomâa a tenu une brève conférence de presse, après s'être entretenu pendant quelques minutes avec le président provisoire de la République, où il a déclaré qu'il n'allait pas révéler la composition de son gouvernement, «de petits problèmes» subsistant, relatifs notamment au portefeuille de l'Intérieur. Il a précisé que sa liste était prête, mais qu'il préférait des solutions auxquelles toutes les parties adhéreraient. Il a, d'ailleurs, insisté qu'il était attaché au consensus davantage qu'aux personnes. Et tout en affirmant que le dialogue se poursuivait et que la présentation du nouveau gouvernement ne saurait tarder, il a pris soin de rappeler que, selon la loi, il pourrait continuer à être chargé de la formation de ce gouvernement, comme on peut désigner quelqu'un d'autre pour cette mission. Cette dernière phrase a ouvert la porte aux interprétations, d'autant que Mehdi Jomâa a dit que sa liste était prête. Se peut-il que le président provisoire de la République ait rejeté quelques noms du gouvernement ? Les jours à venir nous le diront. Voici, par ailleurs, une partie du gouvernement Jomâa, telle que nous l'ont livrée des sources bien informées : — Ministre de la Justice : Hafedh Ben Salah — Ministre des Affaires étrangères : Mongi Hamdi — Ministre de l'Intérieur : Lotfi Ben Jeddou - ministre (ou secrétaire d'Etat) chargé de la Sécurité : Ridha Sfar — Ministre de la Défense : Ghazi Jeribi — Ministre du Commerce : Najla Moalla — Ministre des Finances : Hakim Hammouda — Ministre de l'Industrie : Kamel Ben Nasr — Ministre des Affaires sociales : Habib Kchaou — Ministre du Tourisme : Héla Karboul — Ministre de la Culture : Mourad Sakli — Ministre des Affaires religieuses : Mounir Tlili