«Silence, on tourne !», un spectacle en avant-première des Pockemon Crew au Mad'art Carthage. L'Institut français de Tunis et le Mad'art Carthage ont créé l'événement jeudi dernier en invitant le groupe de hip-hop et de breakdance français le plus titré au monde : Les Pockemon Crew. Ce collectif de jeunes danseurs est né à la fin des années 90 sur le parvis de l'Opéra de Lyon. Ensuite, son ascension est fulgurante et il ne cesse de remporter victoire sur victoire dans tous les concours internationaux. Aujourd'hui, ces jeunes sont classés champions du monde de hip-hop et de breakdance. A guichets fermés et devant un public hétéroclite, ils nous ont présenté pour la première fois en Tunisie leur nouveau et tout dernier spectacle : «Silence, on tourne!» Il s'agit d'un spectacle dans lequel fusionnent danse hip-hop et ambiances du cinéma des années 30, rétro et contemporain. Une thématique qui, pour le «crew» originaire de Lyon, apparaît aussi comme une manière de rendre hommage à sa ville, celle qui a vu naître les frères Lumière et le cinéma à l'aube du XXe siècle. Riyad Fghani, directeur artistique de la compagnie, a eu l'idée de rendre cet hommage au cinéma muet à la suite d'une polémique qui a agité le petit monde de la breakdance. «Certains débattaient pour savoir si le fait de tourner sur la tête avait été inventé à New York ou à Los Angeles, raconte Riyad Fghani. Alors, un mec a retrouvé une vidéo d'un film muet des années 1920, où un acteur danse en tournant sur la tête. En fait, les mecs qui ont inventé la danse hip-hop se sont inspirés de plein de choses, et notamment des films qu'avaient vus leurs arrière-grands-parents, peut-être inconsciemment». Sur un soi-disant plateau de tournage, dans un décor sobre et entouré de bobines de films et de quelques accessoires venus des années 30-40, les danseurs —tous des hommes fidèles aux codes musclés du hip hop, dans des chemises qu'ils portent ajustées, ou en costumes d'époque—, ont investi la scène en donnant le meilleur d'eux-mêmes. Mêlant la musique jazz et la musique électro, les danseurs ont été mis en relation dans une sorte de chœur d'où émergent des personnalités avec chacune son style, son physique, son expression. Tout en nous entraînant dans l'univers du cinéma des années 30, le spectacle nous donne à voir du hip-hop sur fond de musique électro, afin de garder un pied dans le monde contemporain. Les danseurs ont aussi apporté une technique et une façon de danser correspondant à notre époque, qui renvoient à la mécanique, aux machines, aux robots que nous pouvons être ou qui peuplent nos vies. Cette façon de danser, rapide, virtuose et acrobatique a été mise en valeur par une approche artistique fine et élégante. Ils ont scandé l'espace, le remplissant de lignes somptueuses, façonnées par un parcours ascétique, traçant ainsi dans nos mémoires des instants bienheureux.