«Le gouvernement Jomâa a toute notre confiance et notre appui» Consacré à la Journée mondiale de la femme, le meeting organisé par Nida Tounès, hier matin à La Marsa, a vu Béji Caïd Essebsi rendre un vibrant hommage au Code du statut personnel, promulgué le 13 août 1956, et à ses réalisations historiques en faveur des droits et des libertés de la femme. Un hommage rendu à Bourguiba, bien sûr, mais également à cheikh Fadhel Ben Achour, qui avait attesté de la non-contradiction de ce texte avec les enseignements coraniques, et à Ahmed Mestiri, alors ministre de la Justice, qui avait supervisé l'élaboration et la laborieuse mise en pratique de ses dispositions d'avant-garde, à ce jour sans égal dans le monde arabe et musulman. Conclu par Caïd Essebsi, aux cris de «vive la femme tunisienne!», le meeting, organisé dans une salle trop petite, selon la propre remarque du président de Nida Tounès, a drainé un grand nombre de militants du mouvement, avec une forte majorité de femmes, et provoqué — surbooking oblige — un attroupement de centaines de «refoulés» contraints de suivre le discours aux abords de la salle de cinéma du Zéphir. Béji Caïd Essebsi, qui a estimé qu'une telle réunion avec cette forte présence féminine, ne pourrait se tenir dans aucun autre pays arabe, a salué la place politique qu'occupe, désormais, la femme tunisienne et l'a exhortée à de nouvelles conquêtes, Rappelant que l'idée de fonder Nida Tounès procédait d'une simple volonté de rééquilibrer l'espace politique, «sans nulle ambition personnelle», Caïd Essebsi a affirmé qu'il était pleinement disposé à en céder le leadership à quiconque émergerait comme rassembleur adéquat, assurant que la Tunisie était face à deux projets de société inconciliables que séparent 14 siècles, l'un moderniste de développement, de performance, de rationalité et d'ouverture — celui de Bourguiba — et l'autre de charia, de femme «complémentaire de l'homme», de rigorisme et d'arriération, qui veut conduire le pays «les yeux fixés sur le rétroviseur», au risque de «foncer droit dans le mur», ce qui s'est passé ces dernières années. Et Caïd Essebsi de rappeler que le rétablissement du pays n'est actuellement à l'ordre du jour que par le retour au consensus, avec à la clé la promulgation de la Constitution et le gouvernement de compétences indépendantes, auquel il a réitéré sa confiance et tout son appui. Un soutien dont il aura grand besoin face à «l'état de ruine dans lequel on lui a livré le pays». Sans compter le terrorisme qu'ils ont «encouragé». Mais «la lutte est encore longue et difficile», et les prochaines élections sont loin d'être acquises. Elles ne le seront que lorsque les femmes seront à l'avant-garde pour aller convaincre les 64% de Tunisiens encore sans choix électoral, de la nécessité d'aller voter pour qui ils (ou elles) veulent. Car les femmes ont un grand rôle à assumer et «ne doivent pas mettre en doute leur capacité à incurver le destin». Caïd Essebsi dixit.