Pour Wady Al Jary, l'important, ce n'est pas la sélection et le sélectionneur, mais c'est que ce soit lui qui choisit et décide. La fédération tunisienne cultive l'art de mettre les pieds dans le plat. C'est vrai que ses membres ont été surpris par la révolution et ont du mal à se débarrasser des réflexes du passé. Le passé était essentiellement fait de coulisses, de manœuvres, de cachotteries et d'intox. Depuis deux ans qu'elle est en place, la FTF n'a tenu qu'une conférence de presse. Et encore, c'était pour ne rien dire. Bref, aucune communication, alors qu'on sait que, plus que l'argent, c'est aujourd'hui le véritable nerf de la guerre. A défaut de communication... Boycottée par l'opinion publique, quotidiennement attaquée par les médias, la fédération ne réagit même pas. Ou si, en faisant diffuser quelques informations ici et là par l'intermédiaire de quelque collègue compatissant. Jamais pour dire la vérité, toujours pour brouiller les pistes. Dans un exercice d'équilibrisme, Maher Senoussi a justifié cette attitude par le «secret d'instruction», déformation professionnelle d'un corps de métier qui a envahi le sport depuis belle lurette. Ailleurs, on rend publics les contacts, les coûts... Tenez, Chiheb Belkhiria a eu la mauvaise idée de faire savoir qu'il s'était déplacé au Qatar. Pour voir Silia-Al Jarich, invité par Nabil Maâloul ? Invité par Sami Trabelsi ? Toujours est-il que ce déplacement a fait le buzz. Ceci d'autant qu'il intervient après la dernière déclaration d'Al Jary qui a parlé lors de sa conférence de presse de Lemerre et de Sami Trabelsi; suite aussi à celle du même Sami Trabelsi qui, cette fois-ci, a posé ses conditions, rappelant qu'il ne commettra plus les mêmes erreurs. Ce qui confirme tout ce qui s'est passé en équipe nationale et qu'on ne nous a jamais dit. Qu'on ne nous dira jamais. Chiheb Belkhiria est-il parti sur invitation de Maâloul ou alors celle de Sami Trabelsi? Est-il parti pour discuter avec ce dernier avant que l'ex-sélectionneur ne fasse son interview? Une chose est sûre : on ne nous fera pas croire qu'il est parti en vacances ou pour affaires au Qatar. Les pieds dans le plat Alors, cette FTF, qui ne réagit jamais, a, pour une fois, bougé. Par l'intermédiaire de son porte-parole, pas en public, mais sur le site de la FTF (que personne ne consulte), pour dire que Chiheb Belkhiria n'est pas l'envoyé de la FTF pour discuter avec Sami Trabelsi. Et qu'il n'en a pas pouvoir, puisque ce pouvoir est détenu par le seul président de la FTF, Wady Al Jary. Ne vous a-t-on pas dit que la FTF et son président cultivent l'art de mettre les pieds dans le plat?! Car, si nous restons persuadés que Chiheb Belkhiria est bel et bien parti en mission au Qatar, ce communiqué du porte-parole de la fédération, en précisant que seul le président de la FTF est habilité à discuter avec un entraîneur, fait porter à Al Jary la responsabilité de ne pas avoir trouvé un sélectionneur 4 mois après la gifle camerounaise. Que du temps perdu ! Elle implique également ce dernier, puisqu'en tant que médecin, l'homme n'a pas le profil pour s'asseoir autour d'une table et parler à un technicien. C'est ce que lui reproche indirectement le directeur technique Youssef Zouaoui; c'est ce que nous lui reprochons. En tout cas, le résultat est là. Calamiteux ! Et le feuilleton n'est pas près de s'achever. Sur le plan purement footballistique, les dégâts sont encore plus importants, surtout dans le cas où nous opterions pour un étranger. Quatre mois ont d'ores et déjà été perdus. Et quand on sait qu'il faut du temps pour qu'un sélectionneur s'installe, observe et fasse ses premiers choix; que le championnat s'achève la mi-mai, qu'il ne reprend que début août et que le premier rendez-vous officiel est pour début septembre, on mesure un peu le gâchis antérieur, présent et futur. Ceci par la faute de qui ? La faute à tout ce que nous dénonçons depuis des années déjà, soit la mainmise des administratifs sur le technique avec tous les dégâts collatéraux pour notre équipe nationale et notre football en général. Le temps, c'est de l'argent et, en ne pensantt qu'à l'argent (qu'ils n'ont pas du reste), ces messieurs de la fédération ont perdu un temps fou pour des questions d'ego ou de simple ignorance. Jusqu'à quand sommes-nous obligés de supporter cela ? L'autorité de tutelle, bailleur de fonds de cette FTF, a bien essayé de le faire et on connaît le résultat. Electeurs de ce bureau fédéral, les présidents de nos clubs se délectent de cette situation, leurs intérêts étant ailleurs. Dans un arbitre qu'on leur désigne et un dossier compromettant dans un tiroir qu'on cache. Omerta, mafia !