Le secteur emploie un million de personnes et pèse désormais 5,6 milliards $... «Nollywood», la florissante industrie cinématographique du Nigeria —en référence au Hollywood américain—, est prise en compte pour la première fois dans les nouveaux chiffres de l'économie du pays, un signe de reconnaissance envers un secteur en plein essor, se réjouissent les réalisateurs et les investisseurs. Les films de Nollywood, très populaires en Afrique et parmi les Africains de la diaspora, sont essentiellement de petites productions, vite tournées et vendues, souvent directement en DVD par des marchands à la sauvette dans les rues pour un dollar ou deux. Mais, grâce à une production pléthorique, le secteur emploie un million de personnes et pèse désormais 853,9 milliards de nairas (5,6 milliards $), soit 1,2% du produit intérieur brut (PIB) nigérian, selon les nouveaux calculs. Le Nigeria, pays le plus peuplé et premier producteur de pétrole d'Afrique, est devenu dimanche la première économie du continent, devant l'Afrique du Sud, après la révision du PIB selon de nouvelles méthodes de calcul intégrant les évolutions de l'économie. En 1990, lors de la dernière révision, la contribution de Nollywood à l'économie était négligeable. «C'est important que le poids économique de Nollywood soit reconnu à sa juste valeur», estime l'acteur, réalisateur et producteur Zach Oriji, un des piliers du secteur. Nollywood «croît de façon régulière depuis 20 ans et joue maintenant dans la même cour que ceux du calibre d'Hollywood (...) en termes de quantité de production, avec 1.500 à 2.000 films par an», affirme Jason Njoku, cofondateur du site de vidéo à la demande Irokotv. Pour l'homme d'affaires nigérian, qui a fait ses études en Grande-Bretagne et dont l'entreprise est déjà considérée comme le «Netflix africain», l'intégration de Nollywood dans les chiffres de l'économie nigériane reflète le dynamisme de l'industrie locale du film. 50 films par semaine Selon une estimation des Nations unies qui date de mai 2013, Nollywood emploie environ un million de personnes et peut potentiellement créer un million d'emplois supplémentaires dans les années à venir, si l'industrie est gérée correctement. Près de 50 films sont créés toutes les semaines au Nigeria, ce qui est presque autant que la prolifique industrie indienne du film —surnommée Bollywood—, même si, en termes de chiffre d'affaires, Nollywood est bien en-dessous du géant indien, avec environ 590 millions de dollars par an. Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a annoncé l'année dernière qu'il comptait consacrer trois milliards de nairas (20 millions $) au développement de Nollywood, un autre signe de reconnaissance de l'importance de ce secteur pour le pays. Le piratage reste un problème majeur, estime M. Oriji, et une meilleure distribution des films, notamment, permettrait de gagner plus d'argent, qui pourrait ensuite être réinvesti dans la production. Les films de Nollywood, connus pour leur côté un peu trop mélodramatique, qui verse souvent dans l'absurde, parlent du quotidien des Nigérians, ce qui explique sans doute leur succès énorme dans de nombreux pays d'Afrique. Très souvent, leur budget ne dépasse pas 25.000 $ —rien du tout, comparé aux productions hollywoodiennes— et la plupart du temps, on compte à peine un mois entre le tournage et la mise en vente du film.