L'opération de souscription à l'emprunt obligataire national sera surtout un rendez-vous de tous les Tunisiens pour renouveler leur amour à leur pays, à leur terre et à leurs enfants. Cependant, il aurait alors fallu faire preuve de plus de pédagogie sur le sujet et annoncer une affectation précise des fonds collectés au profit, par exemple, de projets de développement régional L'opération de souscription à l'emprunt obligataire national est lancée officiellement, aujourd'hui, en vue de mobiliser 500 millions de dinars pour couvrir une partie des besoins du budget de l'Etat pour l'exercice 2014. Selon le ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hamouda, les ressources financières mobilisées seront allouées principalement à l'investissement. « Une somme objective et réaliste pour ne pas faire pression sur les liquidités au niveau du marché, selon le même ministre. De son côté, le gouverneur de la BCT a annoncé qu'une conférence de presse sera tenue, ce mercredi, au siège de la Bourse de Tunis pour présenter au public les objectifs de l'opération et les modalités de sa mise en œuvre. Certains observateurs ne manquent pas de souligner que cette démarche n'apporte pas grand-chose à une économie qui a besoin de devises et non de monnaie locale. Car, argumentent-ils, le montant global de l'emprunt national ne représente que seulement 3,8% des besoins en trésorerie de l'Etat pour l'année 2014. Dans une interview accordée récemment à La Presse, l'économiste Radhi Meddeb estime que l'emprunt national ne réglera rien, d'abord par son montant: 500 millions de dinars ne représenteraient que 3,8% des besoins en trésorerie de l'Etat pour l'année 2014, ensuite par sa monnaie. Les problèmes de la Tunisie pour 2014 relèvent essentiellement de notre capacité à faire face à nos besoins en devises. Le seul intérêt de cette démarche pourrait relever de l'ordre du symbolique, par le fait de faire prendre conscience aux uns et aux autres de la nécessité de l'effort collectif et de la solidarité nationale. Mais, il aurait alors fallu faire preuve de plus de pédagogie sur le sujet et annoncer une affectation précise des fonds collectés au profit, par exemple, de projets de développement régional. Compter avant tout sur soi La Tunisie a toujours compté sur ses enfants pour résoudre ses problèmes, notamment financiers. Depuis son indépendance, elle a lancé deux emprunts obligataires: le premier remonte à 1964 lors de l'édification de l'Etat, le deuxième a été effectué en 1986, lorsque le pays traversait une crise financière et économique. Ce troisième, qui démarre aujourd'hui, peut apporter, un tant soit peu, une contribution efficace à même d'alléger le déficit financier intérieur. Un déficit du budget, qui s'exprime en dinars, et qui peut être résolu par les institutions financières locales mais aussi par tous les Tunisiens fonctionnaires, ouvriers et hommes d'affaires. Un élan de solidarité est donc vivement sollicité pour montrer au monde entier que la Tunisie, qui compte sur ses amis, compte en premier lieu sur ses enfants. C'est là l'essence même de l'amour de cette Tunisie nouvelle qui a besoin, plus que jamais, de l'apport de tous ses enfants, sans exception. C'est là, également, un moyen d'alléger les pressions de l'endettement extérieur qui pourrait mettre en cause notre souveraineté. Le recours excessif aux organismes internationaux ne fait qu'aggraver notre déficit extérieur et par conséquent notre dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux. Cela dit, il est temps de réduire sensiblement les dépenses de compensation qui pèsent lourd sur le budget de l'Etat, préconisent certains économistes. Cette mesure doit être accompagnée par une augmentation des salaires, une vraie réforme de la fiscalité et une délimitation substantielle des dépenses à la charge de l'Etat. Par ailleurs, plusieurs autres mesures doivent êtres prises pour promouvoir les recettes de l'Etat et alléger son endettement extérieur. Il s'agit essentiellement de l'élargissement de la base des assujettis à la TVA, de l'équité fiscale et de la limitation des importations de biens de consommations non vitales et peu utiles. Bref, l'opération de souscription à l'emprunt obligataire national sera surtout un rendez-vous de tous les Tunisiens pour renouveler leur amour à leur pays, à leur terre et à leurs enfants.