24 participants exerçant dans le domaine de la justice juvénile en formation à Hammamet, du 12 au 16 mai, avec des experts de l'organisme interprofessionnel français «Justice coopération internationale» Magistrats, avocats, agents de police et de la garde nationale, cadres de structures pénitentiaires, conseillers de l'enfance et psychologues de réhabilitation et de réinsertion sociales suivent actuellement une formation en matière de justice pour enfants. Organisé par l'Unicef, avec l'appui technique d'experts internationaux, l'événement s'inscrit dans le cadre du projet de soutien à l'amélioration du système de la justice des enfants en Tunisie. D'un coût de 1,8 million d'euros, ce projet est une des composantes du Programme d'appui à la réforme de la justice tunisienne (Parj), financé par l'Union européenne et visant à «renforcer l'indépendance et l'efficacité de la justice en Tunisie, améliorer l'accès à la justice et au droit, et moderniser le système pénitentiaire», explique Nizar Najjar, coordinateur du programme Parj. La composante relative à la justice juvénile a été confiée à l'Unicef pour assurer sa mise en œuvre avec ses partenaires nationaux au cours des trois prochaines années. L'objectif général, selon Maria Luisa Fornara, représentante de l'Unicef en Tunisie, est de faire en sorte que «les enfants en conflit avec la loi bénéficient d'un système de justice plus efficace et respectueux de leurs droits, et plus spécifiquement d'amener les acteurs de la justice pour enfants à garantir une meilleure application de la loi». Certains indicateurs tirés du dernier rapport de la Tunisie présenté au Comité des droits de l'enfant à Genève, en 2010, montrent en effet qu'il y a un «écart» entre les textes de loi et la pratique. «Certains indicateurs restent à ce jour préoccupants : 90% parmi les enfants ayant été présentés aux juges de l'enfant suite à des délits ou des crimes commis sont remis à leurs familles sans pour autant s'assurer de leur suivi en termes de prise en charge et de réhabilitation appropriée. 10% ont reçu une peine privative de liberté et dont la majorité quittent les centres de correction sans avoir un projet de vie ni un accompagnement approprié à leur sortie, en vue de faciliter leur réinsertion professionnelle», souligne la représentante de l'Unicef. «Le taux de récidive demeure également inquiétant (27% en 2010), ainsi que le recours très modeste aux mesures alternatives à la privation de liberté, qui sont pourtant prévus par le code de protection de l'enfance», poursuit Maria Luisa Fornara. Le projet conduit par l'Unicef pourrait contribuer à changer ces pratiques préjudiciables à l'enfant en conflit avec la loi. La formation multidisciplinaire, qui a démarré hier, constitue le prélude à une série de formations spécifiques. Ces formations se tiendront jusqu'en mars 2015 et cibleront au final 1.000 bénéficiaires. Certains instituts supérieurs et écoles ont été invités à participer au programme de formation, pour qu'ils puissent, plus tard, intégrer les modules «justice juvénile» et «droits de l'enfant» dans leurs programmes de formation.