Le groupe terroriste qui a attaqué dans la nuit de mardi à mercredi le domicile du ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, à Kasserine visait la famille du ministre, a affirmé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Laroui. Le groupe était composé de plus de dix hommes armés qui portaient des tenues paramilitaires, a-t-il ajouté. Quatre policiers sont morts et un autre a été blessé dans l'attaque. Le président provisoire de la République, Mohamed Moncef Marzouki, a décrété hier, merdredi 28 mai 2014, jour de deuil national, avec mise en berne des drapeaux au-dessus des établissements publics. Suite à l'attaque terroriste, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, s'est rendu hier matin sur le lieu de l'acte terroriste, à la cité Ezzouhour (gouvernorat de Kasserine) où quatre agents des forces sécuritaires ont péri et deux autres ont été blessés. Selon une source médicale de l'hôpital régional de Kasserine, «l'état de santé de l'un des deux agents blessés, actuellement hospitalisé en réanimation, est stable et il sera transféré vers l'hopital militaire de Tunis». «Le deuxième blessé avait quitté l'hopital après avoir reçu les soins nécessaires», a-t-il précisé. Le groupe terroriste avait attaqué le domicile du ministre de l'Intérieur en usant en premier lieu de feux d'artifice, avant d'ouvrir le feu sur les agents sécuritaires chargés de garder le domicile cible de l'attaque, ont rapporté des témoins à la correspondante de l'Agence TAP dans la région. Youssef, frère du martyr Ridha Chebbi, une des victimes de «cet acte barbare», a indiqué à la TAP que «son frère faisait partie du service administratif et n'était pas suffisamment habilité à faire face à ce genre d'opération», selon ses dires. «Les agents sécuritaires chargés de protéger le domicile de Ben Jeddou n'avaient pas suffisamment de munitions pour riposter efficacement aux assaillants», a-t-il supposé. L'Agence TAP n'a pas réussi à contacter Mohamed Ali Laroui pour confirmation des déclarations des témoins. Investigations Mohamed Ali Laroui a indiqué, hier, dans une déclaration à la presse à Kasserine, que l'enquête est en cours pour dévoiler les différentes circonstances de l'agression terroriste. Evoquant l'insuffisance du nombre des agents chargés de surveiller le domicile du ministre, il a souligné qu'une enquête sera ouverte sur cette question et que les mesures nécessaires seront prises, ajoutant que les renforts étaient arrivés hier matin, dans la zone. Le porte-parole a qualifié l'attaque terroriste «de lâche», ajoutant que «ses auteurs espéraient porter atteinte au moral des forces de la sécurité». Il a souligné que cette lâche agression a produit l'effet contraire et renforcé leur détermination». Il a, dans ce sens, appelé tous les citoyens du gouvernorat de Kasserine, les associations et les partis politiques à la cohésion autour des forces de sécurité et à les aider dans la lutte contre le terrorisme afin d'éradiquer définitivement ce fléau». Par ailleurs, des habitants de Kasserine ont expulsé Walid Bannani, membre d'Ennahdha à l'Assemblée nationale constituante (ANC), et tenté de l'agresser, lorsqu'il s'était rendu au domicile du ministre de l'Intérieur. Bannani, élu de la région, a du être évacué à bord d'une voiture de police. Informations infondées Par ailleurs, «les informations colportées par certains médias et selon lesquelles le conducteur du véhicule utilisé par les auteurs de l'attaque terroriste contre le domicile du ministre de l'Intérieur se serait rendu de son propre gré aux autorités sont infondées», a déclaré à la presse, depuis Kasserine, le porte-parole du ministère de l'Intérieur. «Une séance de travail s'est tenue hier à Kasserine, au cours de laquelle a été décidé un train de mesures sécuritaires, dont le renforcement de la présence des forces de l'ordre sur le site de l'attaque terroriste», a ajouté Mohamed Ali Laroui. Un renfort sécuritaire a été déjà déployé dans la région, a-t-il encore précisé. Délégation syndicale Le syndicat des forces de sûreté intérieure a dépêché un délégation à Kasserine pour «collecter des données et relever les défaillances» lors de l'attaque terroriste, cette nuit, contre le domicile du ministre de l'Intérieur, et qui a fait quatre morts et un blessé parmi la police, a indiqué le secrétaire général adjoint du syndicat chargé de l'information, Riadh Rezgui. «La délégation enquêtera sur toute défaillance ou tout dysfonctionnement au niveau des postes, des systèmes ou d'une quelconque partie, ayant mené à l'acte terroriste et à la mort de quatre policiers», appelant à remplacer certains moyens responsables sécuritaires «qui n'ont pas la compétence et l'efficacité requises». Il s'est dit «étonné» de voir la présidence du gouvernement «ignorer» les recommandations des syndicats sécuritaires visant à réformer le secteur, à renforcer le travail des renseignements et «opter, au lieu de cela, pour le bras de fer avec les syndicats et pour les nominations partisanes aux postes de responsabilité à l'heure où les forces de sécurité sont passées à un autre stade dans la lutte antiterroriste». «Le discours de lutte contre le terrorisme tenu par le gouvernement s'accompagne, sur le terrain, par un manque considérable de matériel et d'équipements nécessaires au travail sécuritaire et à la protection des agents», a-t-il encore lancé, soulignant que «les policiers sont au premier rang de la lutte contre le terrorisme, alors qu'au deuxième rang, se trouvent les citoyens».