Ils sont descendus par centaines dans les rues de la capitale pour dénoncer à l'unisson les bombardements israéliens dans les territoires de Gaza. «Roquette mon amour, détruis, détruis Tel-Aviv» scandaient ainsi les manifestants sur l'avenue de Paris hier, à l'appel du parti Ennahdha. Ils sont partis de la mosquée El Fath et ont marché jusqu'à l'avenue Habib-Bourguiba. «On est solidaires avec ce qui se passe là-bas», explique Mohamed Cherni, un habitant de Tunis. «La situation est de pire en pire à Gaza, il n'y a pas d'eau, pas d'électricité et avec le pacifisme de l'ONU, les choses s'aggravent», accuse ce citoyen. En arrivant sur l'artère principale de la capitale, les manifestants se regroupent autour d'Abdellatif Mekki, ancien ministre de la Santé : «La victoire ne viendra qu'avec la résistance armée, clame le dirigeant d'Ennahdha, n'écoutez pas les beaux discours des sionistes qui attribuent la responsabilité aux factions armées». Le responsable nahdhaoui appelle la communauté internationale à retirer «son soutien aveugle à l'entité sioniste». «Les pays musulmans ne veulent pas faire de vous des ennemis, mais s'il vous plaît, révisez vos positions», s'exclame-t-il. Une cause qui va au-delà des partis politiques Sur les marches du Théâtre municipal, les manifestants brandissent des drapeaux palestiniens ainsi que les drapeaux verts du Hamas. Sur les trottoirs, de nombreux citadins observent la scène sans prendre part aux événements. Certains manifestants sont contre la présence d'Ennahdha. C'est le cas de Mustapha Gabsi, qui a vu les gens se regrouper en sortant de la mosquée après le prêche du vendredi. «Dès que j'ai vu l'enseigne d'Ennahdha, je me suis éloigné», dit-il. «Ça me fait de la peine, on demande tous la paix et on critique tous ces criminels (Ndlr, Israël), mais on ne veut pas de politique là-dedans», explique le manifestant. Sarah et Noussaïba, deux amies participant à l'évènement, ne sont pas gênées par la présence des partis politiques, mais elles préviennent : «C'est une affaire de peuples, pas de partis politiques», soutient Sarah. «On veut envoyer un message aux Palestiniens, leur montrer qu'on les soutient», précise Noussaïba. Les deux amies ont l'habitude de participer à des protestations de ce type, «même avant la révolution, on venait», assure Sarah. Le long de l'avenue Habib-Bourguiba, les policiers passent en moto et en camion pour demander aux manifestants de ne pas bloquer la circulation et de remonter sur l'allée des promeneurs. Les manifestants commencent à réciter la Fatiha en hommage aux victimes des bombardements, les mains tournées vers le ciel. Khaled, lui, aimerait voir la Tunisie unie contre Israël : «C'est une cause internationale, ça ne concerne pas les partis, c'est quelque chose qui devrait réunir tous les Tunisiens», dit-il.