Une étude stratégique de reconstruction et développement de l'économie tunisienne est en cours de réalisation. Objectif : une réflexion approfondie pour une vision économique à moyen terme, soit un programme quinquennal 2015-2020 Fondamentaux nécessaires du développement économique, croissance et investissement exigent une stabilité politique et sécuritaire, certes. Mais ils exigent aussi et surtout une visibilité économique à moyen terme. En effet, en l'absence de ces exigences, le site tunisien des affaires n'intéresserait personne. Le gouvernement Jomâa a eu le mérite de redorer le blason du site tunisien des affaires et de rétablir la confiance en la destination Tunisie. Mais, le manque de visibilité économique crée désormais un climat de suspicion et d'hésitation auprès des investisseurs, aussi bien à l'échelle locale qu'internationale. Faut-il rappeler que le 11e Plan de développement 2007-2011 fut la dernière vision de développement économique et social du pays et que depuis, l'économie navigue à vue ? Le chef du Gouvernement Mehdi Jomaâ a confirmé à plusieurs reprises, une douloureuse vérité : après le 14 Janvier, la situation économique en Tunisie a été gérée à court terme. Une gestion basée sur les actions de sauvetage, souvent pas très adaptées. Aujourd'hui, il n'est plus possible de continuer ainsi, si l'on souhaite booster les investissements, améliorer la croissance et créer de l'emploi. Aussi, l'Institut de la Méditerranée - Tunisie, filiale de l'Institut de la Méditerrané-Marseille et membre du Forum euro-méditerranéen des Instituts de sciences économiques (Femise), a engagé une étude stratégique de reconstruction et développement de l'économie tunisienne. Une étude dont la finalité est de mener une « réflexion approfondie, associant les parties prenantes en vue de proposer une vision à moyen terme pour l'économie nationale. Vision qui a, jusqu'ici, manqué aux autorités, aux opérateurs économiques et aux investisseurs et partenaires étrangers de la Tunisie et sans laquelle ils ne peuvent s'engager et contribuer efficacement à l'œuvre de reconstruction et de développement de l'économie tunisienne. Réunion du comité de pilotage Présidé par Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et président exécutif du comité directeur de l'Institut de la Méditerranée-Tunisie, la première réunion du comité de pilotage de l'étude stratégique de reconstruction et développement de l'économie tunisienne, s'est tenue, cette semaine, au siège de la BCT. Un comité composé de 16 membres dont les ministres de l'Economie et des Finances, le ministre chargé des Affaires économiques et représentant de la présidence du gouvernement et l'ambassadeur de France en Tunisie. Mais encore des représentants de l'Institut de la Méditerranée-Marseille, Femise, l'Institut de la Méditerranée-Tunisie, l'Iace, la direction générale du Trésor français, la délégation de l'Union européenne, l'Université tunisienne et la Banque centrale de Tunisie. Selon un communiqué de la BCT, les membres se sont focalisés sur les principaux axes de l'étude. Des axes relatifs notamment, aux transformations structurelles du schéma de croissance, l'élaboration d'un nouveau contrat social pour une croissance juste et équitable, la poursuite de l'ouverture sur l'international, de manière intelligente, le renforcement de la résilience macroéconomique et de l'inclusion financière, les chantiers stratégiques de réformes à court, moyen et long termes et une matrice quinquennale de reconstruction et de développement économique 2015-2020. Le comité de pilotage développera, également, six axes stratégiques concernant les transformations structurelles et réformes de l'économie tunisienne, en vue de réunir, à moyen terme, les conditions à même de remettre la Tunisie sur la voie d'une économie à croissance forte, équilibrée, génératrice d'inclusion sociale et intégrée dans l'environnement international. Les membres du comité ont par ailleurs discuté des orientations de la note stratégique qui sera finalisée par l'Institut de la Méditerranée-Tunisie vers la fin du mois d'août 2014. Une note stratégique qui serait un document de base pour les investisseurs et partenaires financiers de la Tunisie, participants au sommet « Investir en Tunisie, Start-up Democracy », prévu en septembre 2014. L'étude stratégique de reconstruction et développement de l'économie tunisienne mettra en place un programme quinquennal de 2015 à 2020, sachant que les trois prochaines années (2015, 2016 et 2017) s'annoncent difficiles. Il est à noter que le projet de loi de finances complémentaire au titre de l'exercice 2014 a d'ores et déjà proposé des mesures urgentes pour réussir à dépasser les difficultés, notamment relatives au déficit budgétaire de l'année en cours. Mais pour se faire, il est nécessaire de se munir d'une vision économique et sociale claire. Et de toute évidence, nul ne disconvient que le modèle de développement tunisien s'est essoufflé et a depuis longtemps atteint ses limites. D'où l'impératif d'une réforme profonde avec des orientations stratégiques claires.