Des centaines de manifestants ont protesté dans les rues de la capitale hier à l'appel du parti Ennahda. Ils venaient condamner les attaques terroristes qui ont fait 15 victimes au mont Chaâmbi mercredi soir. « La Tunisie libre, les terroristes dehors», ont-ils scandé depuis la Mosquée El Fath où ils sont partis pour rejoindre l'avenue Habib-Bourguiba. Dans la foule, Hatem Riahi tenait une pancarte montrant la photo d'un soldat mort dans l'attaque de Kasserine : « Le terrorisme se répand dans tout le monde arabe et aujourd'hui en Tunisie, il faut l'arrêter ». Les journalistes se bousculaient devant les manifestants pour prendre des photos au croisement entre les avenues de Londres et de la Liberté. « Nous sommes un peuple pacifiste, nous refusons toute forme d'extrémisme», s'est exclamé Lassad Bencharada, un militant nahdaoui. Il s'est dit révolté des accusations de soutien d'Ennahda aux groupes terroristes : « Ça n'est pas juste, Ennahda n'a jamais été extrémiste, autant sur le plan idéologique que politique». Près de là, un autre citoyen manifestait sa solidarité aux victimes des dernières attaques en refusant les discours politiques : « Il n'est plus question de partis politiques dans cette situation, tous les Tunisiens doivent rester main dans la main pour défendre notre pays ». Gaza et le mont Chaâmbi, deux causes pour une manifestation Mais les hommes et femmes présents venaient également exprimer leur colère contre les bombardements à Gaza: ils brandissaient les drapeaux du Hamas, des drapeaux palestiniens et des pancartes dénonçant le bain de sang en Palestine. Un mélange de deux causes qui a énervé Neji Gharbi, un citoyen arrivé par hasard dans la manifestation après sa prière du vendredi : « Les gens devraient plutôt se mobiliser contre les terroristes en Tunisie», a-t-il remarqué. Safia Loueti n'était pas du même avis : « Gaza ou Châambi, ce sont des meurtres injustes dans les deux cas : les Israéliens sont aussi des terroristes ». Sous un soleil accablant, les manifestants se sont regroupés devant les marches du théâtre national où des dirigeants d'Ennahda, notamment Noureddine Khademi et Abdellatif Mekki, ont pris la parole successivement pour dénoncer les crimes de ces derniers jours. Quelques personnes munies de bouteilles en plastique arrosaient les autres d'un léger filet d'eau pour rafraîchir les visages pleins de sueur. Les manifestants ont récité la Fatiha en se tournant vers les photos des martyrs que les militants avaient imprimées.