Le nombre important des listes partisanes et indépendantes pose de nombreuse questions... Elle est l'une des associations les plus actives en matière d'observation des élections. Elle était déjà présente lors des élections d'octobre 2011 et dispose d'un large réseau d'observateurs couvrant tout le territoire. L'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (Atide) est en pleine action d'observation du processus électoral et a mobilisé plus de quatre cents observateurs, répartis sur ses 26 bureaux régionaux. L'association a également constitué, depuis quatre mois, un pôle juridique qui est composé de conseillers, experts et responsables juridiques au niveau de ses bureaux régionaux et qui assure le suivi des décisions de l'administration électorale; l'Isie. Ce pôle observe le degré de respect par cette dernière du cadre légal officiel lors de l'adoption par les instances régionales ( Irie)des procédures. C'est ainsi que le bureau exécutif de l'association ayant reçu la moitié des rapports de ses différents bureaux régionaux relatifs à la campagne d'inscription des électeurs, le président de l'association, Moez Bouraoui, considère-t-il que cette campagne a été un... échec! «On a enregistré un peu moins d'un million d'électeurs en deux mois, alors qu'en 2011 on en avait inscrit plus de quatre millions. La différence est flagrante. L'administration électorale n'a pas atteint les objectifs escomptés et l'échec a été ressenti particulièrement à l'étranger», commente Bouraoui. Profit et immaturité politique Pour ce qui est du dépôt des candidatures, le président de l'Atide affirme que les quatre cents observateurs engagés par l'association ont assuré l'observation de cette campagne, alors que leurs rapports sont attendus au cours de la semaine. «Le chiffre est important : 1.500 listes, avec un pic de 81 listes présentées à Gafsa, alors que 33 est le plus petit nombre enregistré, à Tataouine. Ce sont d'importants chiffres et nous pensons que même après l'examen des dossiers de candidature, on ne perdra pas beaucoup de listes. Le constat est que les politiques n'ont pas retenu la leçon de 2011. Une aussi grande dispersion des listes laisse présager un effritement des voix, dont on perdra l'effet à hauteur d'au moins un million de voix sur les cinq millions d'inscrits. En 2011, un million deux cent mille voix ont été perdues comme si on les avait jetées à la poubelle. C'est honteux et irresponsable. C'est de l'immaturité politique par excellence. D'autant qu'on peut voir un certain nombre d'électeurs inscrits s'abstenir de voter le jour «J». On s'attendait à la formation de plusieurs coalitions et voilà qu'on a eu une reproduction du paysage électoral d'octobre 2011», ajoute Moez Bouraoui d'un ton déçu. D'après lui, le nombre des listes indépendantes est grand, 459.Ce qu'il impute à la nature du paysage politique actuel. Les partis n'ont pas convaincu les gens à y adhérer, et cela à cause de l'absence de programmes. Bouraoui indique que le cadre légal y est pour quelque chose, notamment sur le plan des dotations de l'Etat pour les listes dont certaines ne se sont présentées que pour en profiter. Phénomène qui, selon son analyse, explique le nombre important des listes partisanes et indépendantes, notamment dans certaines régions où cette dotation atteint les 75 dinars pour mille électeurs. Le président de l'Atide se demande en ce sens, et au vu du nombre important des listes, si les dotations ne seront pas revues à la baisse par l'Isie... Un œil sur l'achat des voix L'Atide poursuit sa mission d'observation au niveau des recours quant aux candidatures, et ce, durant 21 jours. Côté formation, Bouraoui a indiqué que son association avait déjà formé les formateurs en vue de la mission d'observation de la campagne électorale. Et d'ajouter: «Aujourd'hui, nous venons de parachever la formation des formateurs en matière d'observation du scrutin, et ce, avec l'appui de notre partenaire depuis 2011, Democracy Reporting International». Sur un autre plan, le président de l'Atide met en garde contre l'utilisation de l'argent politique, notamment avec la présence d'un important nombre d'hommes d'affaires parmi les candidats. L'achat des voix reste un facteur qui inquiète dans de telles opérations électorales. D'ailleurs, lors de leur mission, les observateurs, notamment de la société civile, vont essayer de repérer les tentatives d'influencer les électeurs aux alentours des centres de vote et lors des meetings et autres rendez vous de campagne électorale. Par ailleurs, l'affichage des listes des électeurs inscrits aura lieu à partir d'aujourd'hui et se poursuivra jusqu'à jeudi, 4 septembre. Les électeurs qui découvriront que leurs noms ne figurent pas sur les listes affichées ont la possibilité de formuler leur opposition auprès des instances régionales, et ce, jusqu'au 4 septembre.
