Pour M. Hédi Saïdi, ce recensement offre au gouvernement un tableau de bord balisant la voie vers le grand chantier des réformes sectorielles qu'il prévoit engager dans les jours et les mois à venir La Tunisie compte, aujourd'hui, 10.982.754 habitants, répartis sur plus de 2 millions 713 ménages et avec un nombre de logements dépassant les 3 millions 289 mille. Voilà les premiers résultats auxquels vient d'aboutir le recensement général de la population 2014, dont la préparation des ressources humaines et matérielles a commencé deux ans auparavant. Ainsi, l'opération a fini par révéler tous ses secrets. Ces trois chiffres clés, livrés hier matin lors d'une journée d'information organisée au siège de l'Institut national de la statistique (INS) à Tunis, serviront de base sur laquelle pourra se profiler la configuration du prochain modèle socioéconomique du pays. Il y a, en effet, maintenant, les paramètres susceptibles de montrer par où commencer et de quoi sera fait demain, dans la perspective de pouvoir tracer au moins les contours de l'avenir, jusqu'à l'horizon 2024. Sixième dans l'histoire de la Tunisie indépendante, ce recensement, comme l'a indiqué le secrétaire d'Etat au Développement régional et à la Coopération internationale, M. Noureddine Zekri, vient à point nommé pour aider à repenser le modèle de développement et mieux préparer les futurs quinquennats. Toutes les données chiffrées recueillies et les analyses faites par les experts de l'INS serviront de plateforme nécessaire, à la révision des comptes et pour remettre les pendules à l'heure. Il est temps, en effet, de mettre en avant les priorités fortement scandées par la révolution populaire et farouchement défendues par les jeunes révoltés partout dans les régions, notamment celles les plus reculées. Des demandes légitimes qui demeurent sans réponse, à savoir l'emploi, l'équité sociale et le développement régional équilibré. Forte concentration dans le Grand Tunis A la lumière de ces premiers résultats, le futur gouvernement est appelé à faire le suivi, tout en maintenant le cap sur les nouveaux défis qui se posent face à la démocratie naissante et que la deuxième République devrait traduire dans l'œuvre de développement intégral. Il s'agit de faire parler les chiffres, quantifier les données et les traduire dans de nouveaux plans de développement réfléchis à moyen et long termes. Selon le directeur général de l'INS, M. Hédi Saïdi, ce recensement offre au gouvernement un tableau de bord, balisant la voie vers le grand chantier des réformes sectorielles qu'il prévoit d'engager dans les jours et les mois à venir. Savoir combien sommes-nous aujourd'hui, quelles mutations sociodémographiques la Tunisie a connues depuis 2004, et par rapport à 1994, et comment se répartissent les logements par ménages et par milieu, sont d'un grand intérêt dans la définition de la société tunisienne et l'évolution de ses besoins tant actuels que futurs, surtout pendant la prochaine décennie. Autant d'indicateurs évolutifs importants en fonction desquels tout va se jouer. En Tunisie, les chiffres et les données sont là. Tout est calculé par milieu, par gouvernorat et par ménages, brossant un tableau démographique, pour le moins qu'on puisse dire, déséquilibré : peu condensé dans certaines régions du sud et du nord-ouest, mais fort concentré dans d'autres, notamment dans le Grand Tunis. L'on enregistre également une concentration démographique beaucoup plus forte dans le milieu urbain (plus de 7 millions) que dans les zones rurales, avec quelque 3,5 millions d'habitants. De même, le nombre des ménages, totalisant plus de 2 millions 713 mille, s'est accru dans le milieu communal, avec près de deux millions contre quelque 809 mille familles dans le milieu non communal. Soit 70% contre 30% seulement. Cet écart démographique par milieu et par région induit une certaine réalité : les propriétaires de logements sont majoritairement issus du milieu urbain, avec plus de 2 millions 342 mille logements sur un total de 3 millions 289 mille logements. Des taux qui traduisent la différence tant au niveau de vie des ménages que sur le plan de développement des régions. Légère augmentation des femmes Population par sexe, les résultats affichent une légère augmentation du nombre des femmes par rapport à celui des hommes, soit 50,2% du genre féminin. La courbe de l'effectif masculin a déjà commencé à chuter depuis 1984, où le taux a été ramené, à l'époque, de 50,9% jusqu'à 49,8 actuellement. « Et c'est la première fois dans l'histoire des recensements qu'on enregistre une telle tendance...», a-t-il commenté le directeur de l'INS. Volet financement, il a relevé que le budget alloué à cette opération a été, au départ, de 43 millions de dinars avant d'être revu à la baisse pour se situer à hauteur de 34 millions de dinars. La différence (3 millions de dinars) va couvrir les frais des prochaines études et analyses des résultats définitifs prévus d'ici la fin de cette année.