Fallait-il oser davantage et ne pas renoncer à ses chances offensives, avant-hier face à un Sénégal moins solide qu'on le croyait ? La question revient sur toutes les lèvres: les copains de Yassine Chikhaoui pouvaient-ils faire davantage et jouer un peu plus franchement leurs cartes offensives ? Les supporters de l'équipe nationale étaient restés sur leur faim, vendredi soir en suivant la rencontre de la 3e journée des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations «Maroc-2015». Ils passèrent la soirée la main sur le cœur, craignant pour leurs favoris qui essuyaient les rafales des attaques incessantes des Sow, Mané, Ndoye, Diamé et Bodji. Les tentatives des "Blanc et Vert" revenaient en boucle, les "Rouge" perdant rapidement le ballon comme s'ils ne savaient pas trop quoi en faire. Ils vibrèrent rarement à des chances réelles de voir leurs favoris scorer, notamment en seconde période où c'était devenu Fort-Alamo, une attaque-défense, un béton du meilleur cru, un catenaccio qui n'osait peut-être pas dire son nom. Tous derrière et le seul Fakhreddine Ben Youssef devant. La zone de récupération était située très bas, le bloc aussi, une défense à cinq soutenue par les Ragued, Nater et même Chikhaoui ou Khazri qui couvraient les latéraux (ou excentrés).Soit sept joueurs défendant bas, et deux autres qui se repliaient occasionnellement. Et ce n'est pas d'ailleurs une boutade de dire que Chikhaoui a été par moments le meilleur défenseur tunisien, notamment sur balles arrêtées (64' et 84'). Point de vue organisation défensive, les Aigles de Carthage ont été presque parfaits. Remportant les duels face aux pourtant longilignes rivaux sénégalais, concentrés à l'extrême, ne cédant jamais d'espaces, sauf sur un mauvais placement de Maâloul (58') qui a failli coûter cher, ils résistèrent jusqu'au bout. Leur animation défensive était imprenable. Les hommes d'Alain Giresse ont eu beau insister sur le côté défendu par Hamza Mathlouthi (incontestablement le meilleur Tunisien) en première période, puis sur celui défendu par Ali Maâloul après le repos, rien n'y fit. Les issues menant aux bois d'Aymen Mathlouthi étaient vendredi cadenassées. Un autre match Et l'autre volet de cette stratégie, c'est-à-dire surprendre par des contres ? C'est là où le bât blesse, le chaînon manquant. De par leur positionnement trop bas, les demis offensifs avaient toutes les peines du monde à remonter, à produire une reconversion rapide et intelligente du jeu et à solliciter le seul attaquant aligné, Fakhreddine Ben Youssef. Tout le monde-ou presque- était aux aguets derrière le ballon. «Parfois, dans la vie, il faut savoir se contenter de peu ou de rien»; faisant sienne cette sentence, le sélectionneur national George Leekens, en philosophe, insiste sur le fait que les Sénégalais n'ont pas eu de grandes véritables occasions de but non plus. Il faut néanmoins rappeler que deux occasions adverses ont été freinées par les arbitres assistants pour des hors jeu inexistants (63e et 66e). Sans parler de deux mains dans la surface qui auraient pu être sanctionnées par des penalties (47' sur une main de Chikhaoui, 84' Stéphane Houcine Nater). Forcément, il faut admettre que, une fois n'est pas coutume, l'arbitrage ne nous a pas été défavorable dans un match disputé à l'extérieur. Alors, le beurre et l'argent du beurre ? Non, pas vraiment: le point ramené de Dakar a un poids énorme. Il va sans doute compter cher au moment du décompte final. C'est clair: la Tunisie était partie chercher le point du nul, et elle l'a obtenu, employant la tactique la plus sûre pour cela. En effet, Leekens n'avait eu de cesse de dire à la veille du match que le Sénégal était le favori du groupe et qu'il était supérieur à la Tunisie aussi bien physiquement que techniquement. Toutefois, il ne faut pas se faire une montagne des Lions de la Terenga qui n'ont plus battu la Tunisie depuis 1989. Une éternité... Sinon, cela va être drôlement compliqué au retour, mercredi prochain (20h15) à Monastir quand il faudra aller chercher la victoire afin de mettre un pied au Maroc (si le Maroc en veut bien puisqu'il vient de demander à la CAF de reporter la CAN prévue en janvier prochain en raison des risques relatifs au virus d'Ebola). Le meneur de jeu Yassine Chikhaoui sera absent du stade Ben Jannet. Le carton que lui a infligé le Gabonais Eric Arnaud Otogo Castane à la 79e minute est le deuxième de la série, et lui vaut un tour de repos. La deuxième manche, — cela n'est pas une révélation — risque de se révéler beaucoup plus compliquée pour le team national. Avec le retour dans la course de l'Egypte, vainqueur vendredi au Botswana (2-0), les jeux sont assurément loin d'être faits.