«Les inégalités sont une réalité frappante en Tunisie», a constaté, Manal Wardé, directrice Maghreb de la confédération d'ONG internationales Oxfam, en évoquant un récent rapport de l'ONG qui parle d'une augmentation de 30% de la polarisation régionale entre 2000 et 2010. «Les raisons ayant poussé le peuple tunisien à se révolter en 2011 sont toujours d'actualité. Les inégalités demeurent leur premier motif d'indignation», a noté l'ONG en se référant aux résultats d'une enquête internationale sur la perception des inégalités économiques par les populations. Mme Wardé a ajouté, à l'occasion de la publication du récent rapport d'Oxfam, intitulé «A égalité, il est temps de mettre fin aux inégalités extrêmes», que «l'investissement public dans les régions de l'intérieur de Tunisie n'atteint toujours pas les niveaux permettant l'accès des populations à des services publics de qualité comparables à ceux des régions côtières». Selon l'enquête réalisée, en avril 2014, par le groupe de réflexion (think tank) américain «Pew Research Center», 77% des Tunisiens questionnés ont déclaré que les inégalités entre les pauvres et les riches constituent un problème d'une priorité absolue, ainsi qu'un défi majeur à relever dans la conduite des politiques publiques». Au 3e rang Sur un total de 46 pays, la Tunisie se situe au 3e rang en termes de perception des inégalités économiques, juste derrière la Grèce et le Liban, d'après l'enquête. La directrice Maghreb de l'ONG Oxfam a estimé qu'au lendemain des élections législatives déterminantes pour l'avenir du pays, «il est impératif de s'attaquer à des réformes économiques substantielles permettant de lutter efficacement contre les inégalités en Tunisie». «La nouvelle assemblée élue devrait s'assurer que les projets de lois en cours et futurs réduisent véritablement les inégalités», a préconisé la responsable. A l'échelle mondiale, le nouveau rapport Oxfam a fait remarquer que «les personnes les plus riches du monde possèdent plus d'argent qu'elles ne pourraient jamais dépenser, alors que des centaines de millions de personnes vivent dans une pauvreté extrême, sans accès aux services de santé et d'éducation de base». «Nous vivons dans un monde qui offre suffisamment de ressources pour permettre à chacune et chacun d'améliorer sa situation. Les inégalités extrêmes sont source d'instabilité et de conflit qui nous touchent toutes et tous. Il est temps de rééquilibrer la situation avant qu'elle ne dégénère», prévient le rapport. Oxfam est une confédération d'ONG internationales luttant sur les terrains politique, économique et humanitaire contre la pauvreté et l'injustice dans le monde.