L'Orchestre et Chœur philharmonique de Tunis a clos, jeudi denier, la 20e édition de l'Octobre Musical à l'Acropolium de Carthage. Jeudi soir, la nef est archicomble, comme à chaque rendez-vous, d'ailleurs, durant tout le mois d'octobre. Chaque spectacle de cette édition est à retenir et à remémorer, car la passion et le talent des artistes y ont littéralement enflammé le public. Tout en générosité conquérante et richesse dynamique, le Maestro Chédi Garfi a électrisé Orchestre et Chœur pour une soirée digne de la clôture d'une si belle édition. Devant une salle debout, composée de mélomanes hétéroclites, l'hymne national tunisien avec une toute récente et émouvante orchestration de Chedi Garfi interprété par Orchestre et Chœur ouvre le programme de clôture de cette édition. Quoi de plus normal et approprié, puisque l'on célèbre le bon déroulement des élections législatives, et du processus de la transition démocratique dans notre cher pays. Autour d'un programme éclectique, à l'image de cette édition, les prouesses des musiciens ont été mises en exergue. Se succèdent alors les magnifiques danses hongroises nos 1 et 5, un chef-d'œuvre dû au compositeur allemand Johannes Brahms, suivi de La Pavane op. 50 en Fa dièse mineur composée par Gabriel Fauré en 1887. D'entrée, frappent l'homogénéité, la virtuosité contrôlée et la vigueur des timbres de l'Orchestre, tout en laissant au pianiste Mehdi Trabelsi la part belle : dans un jeu perlé et percutant, des emportements d'un magnifique élan. Autant de pages de facture et de nature différentes, propres à mettre en exergue les vertus de ductilité et de malléabilité de la phalange orchestrale : Fantaisie chorale en Do mineur, Op.80 de Ludwig Van Beethoven, puis, changement de registre avec Noujoum Ellil de Farid Al Atrach (orchestration de Mohamed Garfi), musiques des films Jurassic Park de John Williams et Gladiator de Hans-Zimmer, extrait de l'opéra Faust de Charles Gounod et une ballade musicale enchanteresse au travers des œuvres d'Ennio Morricone intitulée «Moment for Morricone» orchestrée également par Chedi Garfi, qui, dans chacune des partitions a su indiquer les lignes de force avec subtilité, justesse et ferveur. Transporté, le public les a longuement ovationnés, s'émerveillant de découvrir les si belles voix des membres du Chœur tunisien dirigé par Hiristina Hdijeva : Raeda Gharbi et Amel Sdiri (soprano), Emna ktifa (alto), Zeineb Cherif (mezzo-soprano), Aymen Bida et Haythem Hedhiri (tenor) et Moataz Ghraba (Basse). Parfaitement accordés, Orchestre et Chœur se fondent dans une vision où la virtuosité était mise au service de la profondeur, de l'élégance et de la densité sonore. A la fin du concert, la même perfection et la même grâce ont prévalu dans l'hymne national tunisien offert en bis à un public complètement ému. Standing ovation mérité!