Les cinéphiles, et surtout les nostalgiques parmi eux , qui étaient présents au théâtre de plein air Sidi Eddhaher , n'ont certainement pas regretté d'avoir fait le déplacement pour assister au spectacle de "Musiques de films" , présenté vendredi dernier dans le cadre de la 55ème édition du festival international de Sousse. Il s'agit d'un concert haut de gamme animé par l'orchestre symphonique tunisien dirigé par les frères Mohamed et Hafedh Makni. Ils étaient plus de cinquante musiciens sur la scène tandis qu'un écran de projection fut placé derrière l'orchestre. . C'est avec l'hymne national, écrit par l'Egyptien Mustapha Sadok Errafai et enrichi avec des vers de notre grand poète Abou El Kacem Echabbi, que fut entamée la soirée. Il s'ensuivit dix- neuf morceaux, chacun d'eux associé à une projection de scènes du film correspondant. Les premiers sur la liste étaient ceux du 20th Century Fox, œuvre de l'un des grands compositeurs ayant travaillé avec Hollywood, Alfred Newman, la version de Kenneth J.Alford du "Pont de la rivière Kwai" et du "Parrain" (avec Marlon Brando et Al Pacino) de Nino Rota. Des chefs d'œuvre du célébrissime Charles Chaplin, les frères Makni ont opté pour "Les temps modernes". Par ailleurs, le public présent fut réellement gratifié lors de l'interprétation de la musique d'Ennio Morricone et , parallèlement, la projection de l'une des scènes de l'inoubliable "Le bon , la brute et le truand" de Sergio Leone où Clint Eastwood , Lee Van Cleef et Eli Wallach avaient crevé l'écran De l'énorme chapitre des dessins animés, nous avons eu droit à deux succès de la légende de Walt Disney "Blanche neige et les sept nains " (Franck Churchill), "Aladin" (Alan Menken) , puis "Loony Tunes" des Warner Bros (Carl Stalling) et enfin "La panthère rose" de Henri Mancini. La musique de Omar Khairat (il était parmi nous à Carthage et El Djem) fit également partie de la fête avec "Fatma". Il en fut également de même de l'Iranien B.Yezdanien avec "Youssef Esseddik" , le feuilleton que nous avons eu l'occasion de voir sur la chaine Nessma. Suite à la séquence de la musique de l'œuvre de Steven Spielberg "La liste de Schindler" , composée par John Williams , les animateurs du concert acheminèrent avec un regard musico-cinématographique sur Jénine et ses réfugiés avec la mise en exergue du drapeau Palestinien. C'était autant émouvant que hautement significatif. Des créations musicales du Grec Vangelis , deux avaient été reprises brillamment lors de ce concert . Il s'agit des" Chariots de feu " , qui eut l'oscar de la meilleure musique de film en 1981, et "1492, la conquête du paradis ". Egalement, l'enchainement (Medley) de C. Custer sur des thèmes de James Bond 007 fut une véritable réussite d'autant plus que nous avions vu défiler sur l'écran de nombreux extraits des prouesses de l'agent cher à Ian Fleming (l'auteur des James Bond) avec , en particulier, Sean Connery , Roger Moore et Pierce Brosnan. Quant à la musique d"Amadeus" de Milos Forman, elle correspondait à la 25ème symphonie de l'inimitable Wolfgang Amadeus Mozart (il en avait composé entre 55 et 60). La musique du film américano- britannique du genre Péplum de Ridley Scott, Gladiator (Hans Zimmer) , fut aussi revisitée par notre orchestre symphonique. C'était l'un des moments forts de ce récital filmique. Nous rappelons que Gladiator fut primé cinq fois lors de la 73ème cérémonie des Oscars. Nous avons par ailleurs beaucoup apprécié la reprise de la musique du choral chrétien "Plus près de toi, mon Dieu" qui avait été interprétée alors que le célèbre paquebot Titanic coulait en avril 1912. Elle fut comparée à Bethany de Lowell Mason , un compositeur du 19ème siècle. . C'est l'accompagnement musical des "Pirates des Caraïbes " , de Klaus Badelt , qui constitua l'épilogue de cette soirée estivale au cours de laquelle nous aurions souhaité voir comble le théâtre de Sidi Eddaher. Au cours du spectacle, une belle surprise fut réservée à Hafedh Makni à l'occasion de son anniversaire. C'était un geste sympathique de reconnaissance surtout qu'il avait reçu le traditionnel bouquet de fleurs des mains de son fils. En conclusion, depuis sa création en 1969 par Salah El Mahdi, l'orchestre symphonique tunisien a toujours su charmer son public surtout depuis l'arrivée de Ahmed Achour aux commandes en 1979. Les frères Makni , qui en ont pris la relève, ont fait montre , depuis quelque temps , d'un tel professionnalisme et d'une telle vision des choses que l'avenir de ce très valeureux orchestre ne pourrait être que radieux.