Certains partis et candidats indépendants affichent clairement leur position, d'autres posent des conditions... De quel réservoir de voix disposeront les deux candidats en lice pour le second tour de la présidentielle, Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki ? Les partis des candidats ayant réalisé un score susceptible de renforcer les chances des deux élus pour le second tour, ainsi que certains candidats indépendants, d'ailleurs, se penchent sur cette question cruciale : lequel soutenir des deux candidats ? Déjà quelques partis et candidats indépendants ont annoncé clairement vers qui ira leur soutien alors que d'autres laissent planer le suspense en attendant la réunion de leur bureau politique et exécutif, ainsi que la consultation de leur base. Ainsi, du côté du Front populaire, dont le candidat Hamma Hammami s'est classé 3e avec 7,82% des voix à l'élection présidentielle, nous avons approché l'un de ses dirigeants, Mourad Amdouni, qui nous a déclaré que «c'est à partir de demain, jeudi, qu'Al Jabha Echaâbia entrera en conclave pour arrêter sa position concernant aussi bien le futur gouvernement que la présidentielle». Mais de prime abord, Mourad Amdouni révèle qu'il n'est pas question de soutenir le candidat Moncef Marzouki en raison de sa position négative concernant l'assassinat de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi ainsi que sa position concernant la Syrie, le fléau du terrorisme et autres. Par ailleurs, il affirme que le possible soutien du Front populaire au candidat Béji Caïd Essebsi ne se fera pas sans conditions: «La prise en compte de notre vision économique dans le programme du prochain gouvernement sera déterminante. A défaut, nous laisserons l'initiative et la liberté à nos bases que nous devons convaincre concernant les raisons de notre probable soutien à Béji Caïd Essebsi. Ce qui n'est pas facile». L'UPL : «Nous tendons la main aux deux parties» L'Union patriotique libre (UPL), dont le candidat Slim Riahi s'est classé 5e à l'élection présidentielle avec 5,55% des voix, n'a pas encore annoncé à quel candidat ira son réservoir de voix. C'est que, précise Ahlem Kamerji, vice-présidente de l'UPL, chargée des affaires de la femme, «la consultation de nos bases qu'on respecte est nécessaire. Nous prendrons position de manière claire et démocratique au sein du bureau exécutif. Notre position pour le soutien de l'un des deux candidats prendra en compte notamment l'intérêt du pays et du peuple loin de toute bipolarisation et division. Nous sommes contre tous les schismes dangereux, nous tendons la main aux deux parties sur la base des programmes, le peuple souffre, s'impatiente et veut des résultats concrets, notamment les jeunes qui ont envoyé un message clair aux politiques en boudant les élections». Mais l'UPL exigera-t-elle des postes ministériels dans le prochain gouvernement en contrepartie de son soutien ? A cette question, Ahlem Kamerji répond que «les postes ministériels sont un moyen pour réaliser nos engagements socioéconomiques. Mais ce qui est sûr, c'est que nous soutiendrons la partie avec laquelle notre vision sociétale s'entrecroise le plus». Maintenant la position des partis ou candidats indépendants concernant le soutien à l'un des deux candidats au second tour est clairement affichée : le parti Al Moubadara, dont le candidat à la présidentielle Kamel Morjane a réalisé un taux de 1,27% de l'ensemble des voix, «a déjà annoncé sa position avant même le 1er tour de la présidentielle. Notre parti soutiendra Béji Caïd Essebsi, indépendamment du candidat qui sera en face de lui». C'est ce que nous a déclaré Samira Chaouachi, dirigeante au sein du parti. «Ainsi nous réitérons notre position d'autant que nous appartenons à la même famille politique destourienne. Sans compter la convergence au niveau du modèle sociétal moderne ancré dans les racines arabo-musulmane d'un Islam tunisien ouvert et pacifique», conclut-elle. Le candidat indépendant à la présidentielle, Mondher Zenaïdi, qui a réalisé un taux de 0,74% de l'ensemble des voix, a de son côté affiché, hier, «son soutien au candidat de Nida Tounès pour le second tour et appelle ses électeurs à voter pour Béji Caïd Essebsi». Enfin, si le candidat indépendant Mustapha Kamel Nabli ne s'est pas encore prononcé publiquement, il est clair que lors de son retrait de la course à la présidentielle, il a clairement déclaré qu'il se retirait «afin de ne pas disperser les voix tout en appelant à ne pas voter pour le candidat Moncef Marzouki». D'autres partis, tels Tayar Al Mahaba, Al Joumhouri, l'UPT et autres, ne se sont pas encore prononcés : auquel des deux candidats apporteront-ils leur soutien ? Le suspense persiste.
