WASHINGTON (Reuters) — La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton assistera mardi et mercredi à Kaboul à une conférence ministérielle des pays soutenant l'Afghanistan, à un moment crucial d'un conflit de moins en moins populaire chez eux et dont l'issue paraît de plus en plus incertaine. Le Président Hamid Karzaï exposera aux ministres des Affaires étrangères des dizaines de pays qui le soutiennent face à l'insurrection des talibans, tout en critiquant de nombreux aspects de sa politique, ce qu'il compte faire pour améliorer la gouvernance, l'économie et la sécurité du pays. Les Etats-Unis veulent que cette réunion soit centrée sur les efforts du gouvernement afghan pour prendre rapidement en main l'avenir du pays, permettant ainsi au Président Barack Obama d'honorer sa promesse de commencer à en retirer les troupes américaines dans un an. Mais il y a de fortes chances que la conférence illustre plutôt l'ampleur de ce défi pour l'administration Obama et renforce le sentiment croissant au sein du Congrès d'une dérive d'une guerre qui a déjà coûté 345 milliards de dollars en neuf ans. "La conférence pourrait aider les Etats-Unis et leurs alliés à avoir une idée du prix final à payer en Afghanistan", estime l'analyste afghan Brian Katulis basé à Washington. "La question clé est de savoir comment l'Afghanistan pourra ne compter que sur lui-même. Cela devrait nous amener à définir ce que serait un succès." "Une cause perdue"? En prélude à la réunion de la semaine prochaine, l'ancien général Jim Jones, conseiller à la sécurité nationale de Barack Obama, s'est rendu à Kaboul pour s'entretenir avec l'ambassadeur des Etats-Unis, Karl Eikenberry, et le général David Petraeus, nouveau commandant des troupes américaines et transatlantiques. Les programmes d'aide et de financement des projets civils censés accompagner la décision d'Obama de porter cet été à près de 100.000 hommes les effectifs américains figureront en tête de l'ordre du jour de la conférence de Kaboul. Les Etats-Unis attendent pour leur part que Karzaï fasse état de progrès dans ses efforts pour encourager les talibans supposés modérés à renoncer à la violence au profit d'une réconciliation nationale, une politique que soutient Washington. Le déroulement de ce processus et les contreparties qu'il suppose influeront grandement sur la nature de l'Etat afghan qui en résultera et décideront de l'avenir des futures relations entre Washington et Kaboul. La visite à Kaboul de Clinton, qui se rendra également au Pakistan voisin, fait suite à deux mois difficiles pour les forces américaines et internationales, qui ont subi leurs plus lourdes pertes depuis le début de la guerre, en 2001. Le Congrès américain semble de plus en plus perplexe devant la poursuite du conflit. "Beaucoup se demandent si nous suivons la bonne stratégie. Certains suggèrent que la cause est perdue. C'est le moment de poser les questions difficiles", a déclaré le démocrate John Kerry, président de l'influente commission des relations étrangères du Sénat. Des questions qui ne manqueront pas de fuser à l'approche des élections parlementaires de mi-mandat, le 2 novembre. "La guerre sera certainement un thème central. On espère que le déploiement des renforts sera achevé d'ici là et qu'on pourra produire des résultats", déclare un autre analyste afghan de Washington, Scott Warden.